
Je n’ai pas suivi Yung depuis ses débuts. Je n’attendais pas fébrilement ce deuxième album. Je n’ai même jamais lu une ligne sur le groupe avant de voir son disque débouler dans l’agendas des sorties pour le 22 janvier. Tout au plus j’ai lu qu’il s’agissait d’un groupe danois qui donnait dans le pop rock. Un terme flou, souvent galvaudé, qui veut tout et rien dire. La meilleure façon de savoir ce qui se cache derrière, c’est donc d’aller poser une oreille sur l’album. Ce que je fis (incroyable, non ?). Et donc ? Ah ben ouais, c’est pop rock. Avec un soupçon d’indie rock quand même ; le genre de disque qui ne passera pas forcément la barrière d’une radio grand public, mais se cantonnera plutôt aux fréquences étudiantes, ou aux heures indues, celles des insomnies et des passionnés. Yung n’est pas brit, pas sauvage, pas révolutionnaire, pas rangé des voitures, pas poétique, pas expérimental. Mais il est pop. Peut être trop rock pour certains, trop indie pour d’autres. Et quelque part entre tout ça, il essaie de tracer son chemin. Je peux vous dire qu’il doit pagayer. Parce qu’entre le trop évident et le pas assez, il y a un filin sur lequel les danois ont décidé de faire du moonwalk. Imaginez un peu Pinback, Nada Surf, un groupe de post punk et Ghinzu faire une jam, les amplis réglés par Jay Mascis. Le dawa non ? Et bien, « Ongoing dispute » donne un peu cette impression. On se l’écoute d’une traite, mais on y comprend pas tout. Pourtant, on se le réécoute, juste pour déterminer ce qui en dépasse, ce qui est en trop. Et finalement, on se rend compte que l’oreille s’y fait. Oh, ça reste « un peu trop », ok, mais comme on arrive pas à mettre le doigt dessus, on se dit que c’est pas si mal pensé. Et cette image un peu tristoune, grisâtre, d’un stade abandonné, vidé de sa substance, remplacée par de l’amertume et de la mélancolie, lui va comme un gant. Écoutez un titre comme « Such a man », vous verrez ce que je veux dire. Mais le reste est bien aussi. Une demi-surprise qui fait du bien.