
D’abord prévu pour janvier, ce nouvel album des allemands de Unprocessed est finalement sorti il y a quelques jours. Je connais le groupe depuis quelques temps, en ai réentendu du bien, mais aussi tout et son contraire ; progressif, pop, electro, metal alternatif, variété, génial, vendu… De quoi à la fois me faire un peu peur et attiser ma curiosité maladive. Et heureusement, parce qu’avec un artwork comme ça, je n’aurais pas forcément repassé la porte. C’est « Rain » qui a la lourde tâche de me présenter le groupe. Et il va encore un peu brouiller les pistes. Car si sa mélodie sonne très pop et emprunte des éléments R&B, sa réalisation est tout autre ; il y a toujours du prog ici, et une technique impressionnante. Tout en douceur, ce titre montre une personnalité et une vision unique. « Redwine » fait progressivement entrer des influences metal et emo. C’est déjà trop tard pour faire machine arrière, je suis happé. Ici et là, des passages et des voix plus heavy viennent nous rappeler les origines musicales du projet, tout en nuançant toujours le propos. Mais le groupe est également attaché à l’expérimentation, ou du moins à la création de structures musicales « challenging » autant pour le public que pour lui. Tourner en rond, très peu pour Unprocessed. Le groupe ici s’est armé pour rabattre le caquet de ceux qui reprochent à la musique moderne de se concentrer sur des mélodies douces et faciles au détriment de la pratique des instruments ; certaines parties de guitare et de basse sont hallucinantes de doigté et de précision. Cependant, il est vrai que cet album est centré sur l’émotion ; c’est elle qui guide les musiciens et les chansons, qui prend le plus gros du cadre. Ce qui n’empêche pas des passages plus puissants et « instinctifs » de s’installer ça et là (mais moins qu’avant). Maintenant, venons en aux critiques. Si Unprocessed jongle de manière exemplaire avec les formats et influences, il a tout de même tendance à employer des stratagèmes un peu similaires sur certains titres, ce qui peut fatiguer l’auditeur. De plus, la générosité du groupe pourrait le desservir : presque une heure et 16 titres d’une musique si riche et truffée de breaks, c’est long, même si y sont catapultées pleins de petites trouvailles sonores et d’ambiances différentes. « Gold » reste un excellent album, ça ne fait pas un doute, mais attention à l’insolation à force de se tenir si près du soleil !