Lors de ma dernière rencontre avec le groupe suédois, en 2018, je me pâmais devant la capacité des gars à produire de vraies pépites de metal gothique hargneuses et mélancoliques. Je n’attendais donc pas autre chose cette fois que la confirmation de mon jugement, et d’être soufflé par un cinquième album qui devait tutoyer les sommets. Et dès « In remembrance », je retrouve ce qui m’avait plu sur le précédent ; cette voix dark metal entre Alastis et Legenda, ces riffs entre metal et rock gothique, légèrement teintés de thrash, ces ambiances lourdes et lancinantes, ces soli exemplaires… Alors même si la un peu plus pop (et son clip un peu kitsch) « Hour of the wolf » ne me convainc qu’à demi, je continue ma progression, pour découvrir une « Leviathans » presque progressive, bien plus complexe et riche en tout cas. Sur « Dirge of a dying soul », ça se précise ; ces riffs qui évoquent le neo-classique, un peu désuets mais au demeurant charmants… ça me rappelle le premier Tristitia. Mais avec moins de pompeux et de longueurs. Oh, bien sûr, Tribulation est loin encore de verser dans le doom, même s’il s’en rapproche parfois. Mais il a ce souci de la mise en scène théâtrale, de l’aménagement physique de son œuvre, pour la faire correspondre non à une collection de chansons mais à une véritable expérience globale, un roman musical horrifique. En cela, « Lethe », intermède instrumental au piano, fait office de chapitre introductif, avant que le groupe nous balance un sacré twist avec une deuxième moitié de disque bien plus sauvage que les titres précédents. Cette architecture peut cependant laisser pensif ; de quoi sera fait la suite de la carrière des suédois, qui laissent partir leur guitariste et compositeur principal avec ce disque ? C’est sûr, on ne peut, au vu des qualités déployées ici, s’imaginer Tribulation descendre d’une ou deux divisions ; il vaudrait presque mieux que « Where the gloom becomes sound » soit son chant du cygne. Ah, mais le temps de la révélation viendra bien assez tôt ; laissons-nous donc pour l’heure porter par cette oraison funèbre majestueuse !
Related Posts
- 10000Le death metal. Depuis son avènement, il a connu bien des mutations, revêtu bien des formes, et compté autant de détracteurs que de défenseurs. Parmi eux, les suédois de Tribulation font office de progressistes. Depuis ses débuts ou presque, le groupe habille son death dark d’influences plus gothiques et rock,…
- 10000En 1998, lorsque Vulture Industries se forme, c’est avec la ferme intention...de proposer un super gothic / doom. C’est du moins ce que nous raconte la bio du groupe. Quelques années plus tard, quand on croise ce quatrième album du groupe, il est difficile de concevoir le trajet qui sépare…
- 10000Après un "Skeleton Skeletron" franchement gothic metal mais manquant d'âme, un "Judas Christ" bon mais un peu trop pop et souriant pour emporter l'adhésion de tous les fans du style, Tiamat recentre le tir avec ce "Prey". Voix époque "A Deeper Kind Of Slumber", ambiances et parties instrumentales à la…
- 10000La bio du groupe italien nous vend du rêve. Elle nous présente Motus Tenebrae comme un compromis entre Paradise Lost, My Dying Bride et un peu de Type O Negative, le tout avec une personnalité forte. Oh, je n'ai pas à en vouloir à la personne qui a écrit ça,…
- 10000Quand on me parle d’un supergroupe avec des membres de Katatonia et qui s’affaire dans l’ombre à rendre hommage à la mélancolie format rock progressif, forcément, j’ai les moustaches qui se dressent. Et ce n’est pas la découverte de ce deuxième album qui va les faire se rétracter. Bon, d’abord…