« Deeper », en 2015, était mon billet d’entrée vers The Soft Moon. Je faisais connaissance avec une expression plus proche du loup-garou que de la balade romantique au clair de lune, exutoire de Luis Vasquez qui y déversait pas mal de ressentiment, envers une société où il ne semble pas se sentir à sa place, mais envers lui-même essentiellement. Eh bien rassurez-vous, il ne va pas mieux, et sa musique ne s’est pas subitement transformée en bande-son de la Petite Maison dans la Prairie. Le « Criminal » en question, c’est lui, ou plutôt son côté sombre, décliné en 10 titres toujours délicieusement abrasifs et cafardeux. Le gros changement depuis « Deeper », c’est le chant de Luis, , qu’il a appris à plus moduler, amenant plus de nuances à ses titres. « Burn », direct, agressif et dansant, prend l’auditeur de front, quelque part entre le Jessica 93 de « Rise » et le Nine Inch Nails de « Pretty hate machine ». « Choke » nous plonge dans un bain d’acide mais s’avère beaucoup moins digeste, plus proche d’un chiot malingre que d’un Rott affamé. « Give something » est un cauchemar éveillé, aussi beau qu’irréel, qui se prolonge sur un « Like a father » marquant à tous points de vue (« This knife like a father hunt you down turn you off to be stronger » chante notre ami..). « The pain » dégaine une ligne de basse obsédante et clôt une trilogie d’excellence. « It kills » s’écarte un peu de ce chemin en ramenant un peu plus de virulence dans l’équation. « ILL » est un pur moment de power-noise, avec tout le potentiel de douleurs crâniennes que ça promet. « Young » reprend une approche plus noisy cold wave bien connue, avec toutefois une efficacité relative, la faute à un couplet un peu trop monolithique que le refrain lancinant éclipse totalement. Quand « Born into this » débarque, c’est la guerre civile qu’il amène avec lui ; la route est donc toute tracée pour le « Criminal » final, fangeux et gothique à souhait, aveu d’un désaveu autant que d’une résignation. Ce disque est donc une évolution naturelle, lente mais assurée, qui fait un pas de plus dans l’univers de The Soft Moon sans concéder une minute à la facilité qui lui assurerait un auditoire plus important. Et c’est pas si mal.
The Soft Moon : It kills
The Soft Moon : Burn
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