
Est-ce que je n’avais pas dit qu’on ne m’y reprendrais plus, que la musique de Shame n’était « plus pour moi » ? Possible, oui. Mais ce titre d’album me plaisait quand même, alors j’ai poussé la porte et écouté « Fingers of steel », et il y avait là quelque chose de vraiment différent et intéressant ; comme si la tentative (foirée, pour moi) du deuxième opus d’accoucher d’un style plus écrit et complexe mais toujours captivant avait pris un sale jetlag dans les gencives et se réveillait maintenant. « Six-pack » arrive après ça avec son riff wah-wah entêtant et son chant toujours typique de Shame, et c’est pas si mal non plus même si le côté bordélique peut déranger. « Yankees » ne démarre qu’après une longue intro un peu inutile mais s’avère plus structuré. Bon, on est loin du tube immédiat, du candidat à la « heavy rotation », mais c’est déjà plus proche de ce qu’on est venu chercher ici. C’est encore mieux pour le court et essentiel « Alibis ». Après ça, « Adderall » a tout d’un extra-terrestre avec son côté très pop et apaisé. « Orchid » a tendance à lui faire écho, et s’avère même plus pacifiée encore, même si des pointes indie pop viennent troubler sa quiétude. Shame a qualifié ce disque de « Lamborghini » de sa discographie. J’avoue ne pas savoir quoi en penser encore ; chaque titre a sa particularité, une écriture alambiquée les habille, et si on peut trouver en chacun des passages vraiment excellents, on peut tout aussi bien se sentir mal à l’aise la seconde d’après. « The fall of Paul » est sûrement le trublion de l’étape, celui qui te crache à la gueule et fait rugir le moteur. « Burning by design » et « Different person » passent bien l’épreuve du feu avec leur équilibre douceur / tension. Enfin, « All the people » est peut-être le titre le plus pop du lot, et ce même s’il évolue vers quelques chose de plus indie et rock en cours de route, et pas le moins réussi. Au final « Food for worms » déstabilise plus qu’il ne charme, mais fait en tout cas preuve d’une audace et d’une créativité courageuse !