Si vous traînez un peu par ici, vous savez que j’ai pour Al Tarba du respect et de l’admiration. Je n’ai pas eu trop l’occasion de me frotter à Swift Guad à part sur quelques featurings bien sentis où le montreuillais sortait du lot, à la fois par sa voix caractéristique et ses textes désabusés et sombres. Alors l’alliance des deux ? Bien sûr que ça m’intéresse ! Al Tarba nous fait plaisir ici avec des sons bien loin de ce qui se fait aujourd’hui dans le rap, plus proche de ce qui se pratiquait il y a 10-15 ans, l’expérience et la technique en plus. Swift Guad, lui, allonge des textes « entre ciment et belle étoile », bad boy de la cité qui prend cependant toujours soin de bosser ses mots et explorer les différente manières de les agencer, sans toutefois jamais mettre de l’eau dans son vin ou de censure dans ses textes, quitte à paraître outrancier parfois. Bien sûr, on est loin de la musique classique ici. Les thèmes, musicaux et lyricaux, le sont, mais on ne se sent jamais floués, qu’on connaisse le boulot des deux compères ou pas. On appréciera les quelques jolis featurings (et particulièrement la participation de Dooz Kawa et Kacem Wapalek sur « Le tourbillon »), mais c’est juste la cerise sur le gâteau ; Al Tarba assure le show derrière les platines, Swift Guad crache sa haine et son dégoût en permanence, poète maudit de l’art de rue, scénariste pondeur de films catastrophes beaucoup trop urbains pour voir la lumière du jour. Le bonhomme multiplie ici les clins d’oeil, les références au cinéma, à la musique. Les samples pleuvent, les punchlines aussi, bref on ne s’ennuie pas, et même si l’album se montre peut-être un peu trop généreux en contenu, ça reste agréable. Pour une première rencontre longue durée avec Swift Guad, je ne suis pas déçu.
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