
Qui écoute du black metal depuis un moment a vu la propagation, ces dernières années, de formations choisissant de s’exprimer dans leur langue maternelle. Parfois par facilité, mais souvent pour faciliter la compréhension et la propagation des textes, idées, messages. Sordide s’inscrit, à n’en pas douter, dans cette optique. D’ailleurs le groupe, s’il se réclame du black, est pour moi plus à classer dans le black punk. Et ce n’est pas seulement un choix de pinailleur de critique de mes deux, ni un choix sémantique. En effet, « Les idées blanches » contient, stylistiquement et textuellement, autant d’éléments black que punk / hardcore pour moi. Et particulièrement pour le principal vecteur du mot ; le chant est plus éructé qu’hurlé, ce qui induit qu’on comprend bien mieux ce qui s’y cache (ou pas). D’ailleurs, si les textes sont souvent assez poétiques (une forme de poésie noire, anarchiste), ils restent assez clairs dans leur sens pour qui désire s’y pencher. Ce qui me rappelle un peu un Kickback dans ses dernières œuvres. « Les idées blanches » porte aussi les stigmates de son époque : une amertume, un dégoût, une rage et une forme de cynisme qui se traduisent par des titres puisant tour à tour dans le black, le punk, le doom, le post hardcore, mais qui restent assez identifiables et rattachables à l’entité Sordide. Le groupe a une patte, un style, et même si ça sonne un peu cliché, un positionnement entre le caniveau et les étoiles, décrivant le monde hideux avec des mots qui font sonner ça plus comme de la littérature que comme du street punk. Tout ça fait de « Les idées blanches » un album qu’on hésitera pas à ré-explorer. Ah, et mention spéciale à l’artwork, magnifique et qui sort des sentiers battus. Beau mouvement pour le black francophone donc !