
Silas J. Dirge a beau être néérlandais, ses influences se situent outre-Atlantique. Son premier album, « Tales of woe », présentait un univers sombre et gothique à la dark americana. Ce deuxième opus, de l’aveu même de son auteur, va chasser sur des terres moins arides. Et si « Hang me high » porte un nom pas folichon, on le ressent de suite : ce voyage sera un peu plus country. Bien sûr, le spleen est toujours présent, et on ne bascule pas non plus dans le répertoire de Dolly Parton ; l’ensemble reste fortement ombragé. Mais la petite nuance est là, annoncée et respectée, avec des sonorités plus lumineuses et une emphase plus grande. Et c’est bien parce qu’il ne s’agit « que » d’une nuance que je suis là, mon amour immodéré pour la gothicana entre les dents. Et me voilà servi ; des histoires de mort, de fantômes, de trahison et d’amour perdu peuplent les dix titres de ce disque dont l’interprétation est volontairement sobre et assez minimaliste, comme sur le précédent opus. D’ailleurs à vrai dire les titres pourraient bien être issues de la même session d’enregistrement. Schématiquement, on pourrait dire que « Tales of woe » traversait les épaisses forêts des Appalaches tandis que « The poor devil » chemine dans les grandes plaines du Nebraska. Quoi qu’il en soit, parvenir à transposer sa musique aussi loin est déjà un exploit ; mais dans sa tête, Silas J. Dirge vit probablement à des milliers de kilomètres des histoires tragiques et hautement scénarisées. On ne va pas s’en plaindre étant donné ce bel album !