
Je ne suis pas de première jeunesse. Pourquoi je vous dis ça ? Parce que En Minor est un projet qui a pour moi une signification très particulière. En fait, Phil Anselmo a fait parti de mes idoles de jeunesse. On a tous les deux vieilli, découvert des genres plus extrêmes, adoré ça, et puis on a exploré d’autres horizons, plus calmes peut-être, mais pas moins torturés. Quand j’ai su que Phil Anselmo allait explorer le southern gothic avec En Minor, je n’ai pu réprimer une certaine excitation. Et j’attendais avec impatience ce disque. Bon. Le titre du disque, démesurément dramatique, peut en faire reculer certains. Ce serait une regrettable erreur. Car si En Minor ne fait « que » réinterpréter les multiples fantômes de l’univers de la country gothique, il le fait d’une façon à laquelle on ne s’attendait pas. Bien sûr, à travers Down, et même certains titres de Pantera, on avait pu déceler des influences plus country et folk, et un goût pour les ballades sombres. Mais ici, cette tendance est révélée au grand jour, amplifiée, magnifiée. Les titres de cet album sont profonds, ils sortent des tripes. Trop pour un projet si jeune ? Oui. En fait, les titres de cet album ne datent pas d’hier. Pour la plupart, ils ont été composés, développés depuis la prime jeunesse de l’artiste. Ce qui explique une relative « fraîcheur » ; j’ai beau adorer la country gothique, ici on joue presque dans une autre catégorie. Certains morceaux tendent vers le psyché, le folk, le blues… Mais le tout avec une liberté de ton qui le déconnecte de presque tout. Bon, ce n’est pas parfait, pas un sans faute, mais on prend plaisir à découvrir Phil sous un autre angle, et on peut même frissonner à l’écoute de « Mausoleums », « Black mass », « On the floor », « Dead can’t dance » ou « Disposable for you ». Alors oui, j’aurais aimé un peu plus de chant (Anselmo use et abuse de sa voix rocailleuse), et je trouve parfois que l’ensemble manque d’équilibre, mais allez, ça reste une très belle expérience que l’écoute de ce premier album du projet. J’espère qu’un petit frère viendra lui faire compagnie !