Le voilà donc, ce phénomène dont tout le monde parle. Un nom bien dark et évocateur, une aura de mystère, un blaireau qui dégote un nom à la con pour une étiquette musicale « révolutionnaire » (witch house ? Bah oui voyons, et demain on fera du butcher folk ?), et ce premier album que quelques critiques sentant le vent tourner et ayant la réputation d’avoir le nez creux s’empressent de porter aux nues. Allez, sans plus attendre, on va lui ouvrir le ventre, à ce nouveau monstre, le disséquer, voir ce qui en lui provoque la peur et la fascination. Tout commence par le morceau-titre, plongée cauchemardesque dans un monde electro-ambiant sombre à souhait, jamais gâchée par une quelconque voix ou un effet malvenu. Pompier, mais efficace. « Asia » débarque, mais sonne un peu faux, avec son beat hardcore, et sa voix féminine trop éthérée et surfaite pour convaincre. « Frost » enchaîne sur le même mode, « Sick » nous gratifie d’une voix masculine à l’effet gothique maléfique qui fait franchement toc, et les titres se suivent, usant jusqu’à la corde une formule déjà fatigante sur un morceau. Du répétitif jusqu’à la transe, de l’ambiance jusqu’à la caricature, du style jusqu’au kitch, Salem se pose en représentant ultime d’un genre dont il est le maître et l’inventeur. Ultime car sans retour, ni souhaitable ni souhaité… De fait, parler d’une « nouvelle sensation » paraît alors bien exagéré. La musique de Salem est comparable à un film d’épouvante de série Z : grossier, peuplé de monstres en carton-pâte, d’effets spéciaux anémiques et d’acteurs qui jouent comme des patates, le tout porté par un scénario téléphoné et des dialogues emphatiques malvenus. Allez, on referme tout ça, on le recoud grossièrement (de toute façon, il y a peu de chances que la famille veuille voir le corps), et au suivant.
Salem : King night