
Ça fait déjà quelques années que je suis Sadistik et son hip-hop electro qui penche souvent du côté obscur. Le rappeur de Seattle s’est pour ce septième album acoquiné avec Maulskull, un autre acteur du hip-hop indie américain. Ensemble, ils ont bâti ce nouvel album aux couleurs sombres et aux paroles très axées sur la foi, l’après-vie, les grandes questions existentielles. Ce qu’on peut lui reprocher, à ce disque, c’est sa tendance à une certaine monotonie. En effet, l’ensemble des titres se ressemblent, baignant dans une ambiance mélancolique profonde tendant vers la dépression. Certes, le flow est toujours volontaire, mais on y perçoit aussi une amertume certaine. Encore une fois, les instrus electro convoquent l’ambiant, entre rêve et cauchemar, innocence et noirceur la plus pure… Mais même les éléments les plus « light » sont ici détournés, dévoyés ; on est pas là pour rigoler. L’introspection, c’est le truc du mc, on le sait, et de la part d’un diplômé en psychologie et sociologie, ce n’est pas étonnant. Je ne sais pas vraiment déterminer quelle part résulte de Maulskull, ne connaissant ni le bonhomme ni son parcours, mais j’ai l’impression que comme pour l’album précédent avec Kno, l’univers de l’un a été absorbé par l’autre. En même temps, quand on est aussi torturé que notre ami, ça a tendance à déborder… Alors, donc, « Oblivion theater » ? malheureusement, ce n’est pas le coup d’éclat que j’espérais / j’attendais au sortir du joli « Bring me back when the world is cured ». Mais ce n’est pas pour autant une déception ; en fait, il se situe dans la même lignée, présentant à peu près les mêmes qualités et s’échouant dans le même écueil, celui de la (relative) redondance. Maintenant, est-ce pertinent de l’adopter alors qu’on a déjà son petit ou grand-frère en tête ? Ma magnanimité me fait dire oui, puisque ce disque est encore porteur de très bons titres (« Hypodermic forest », « All the colors of the dark », « Shibari », « Bad vibes », « With you »), mais pas sûr que je continuerai à le suivre longtemps sur cette voie…