Ça fait déjà quelques années que je suis Sadistik et son hip-hop electro qui penche souvent du côté obscur. Le rappeur de Seattle s’est pour ce septième album acoquiné avec Maulskull, un autre acteur du hip-hop indie américain. Ensemble, ils ont bâti ce nouvel album aux couleurs sombres et aux paroles très axées sur la foi, l’après-vie, les grandes questions existentielles. Ce qu’on peut lui reprocher, à ce disque, c’est sa tendance à une certaine monotonie. En effet, l’ensemble des titres se ressemblent, baignant dans une ambiance mélancolique profonde tendant vers la dépression. Certes, le flow est toujours volontaire, mais on y perçoit aussi une amertume certaine. Encore une fois, les instrus electro convoquent l’ambiant, entre rêve et cauchemar, innocence et noirceur la plus pure… Mais même les éléments les plus « light » sont ici détournés, dévoyés ; on est pas là pour rigoler. L’introspection, c’est le truc du mc, on le sait, et de la part d’un diplômé en psychologie et sociologie, ce n’est pas étonnant. Je ne sais pas vraiment déterminer quelle part résulte de Maulskull, ne connaissant ni le bonhomme ni son parcours, mais j’ai l’impression que comme pour l’album précédent avec Kno, l’univers de l’un a été absorbé par l’autre. En même temps, quand on est aussi torturé que notre ami, ça a tendance à déborder… Alors, donc, « Oblivion theater » ? malheureusement, ce n’est pas le coup d’éclat que j’espérais / j’attendais au sortir du joli « Bring me back when the world is cured ». Mais ce n’est pas pour autant une déception ; en fait, il se situe dans la même lignée, présentant à peu près les mêmes qualités et s’échouant dans le même écueil, celui de la (relative) redondance. Maintenant, est-ce pertinent de l’adopter alors qu’on a déjà son petit ou grand-frère en tête ? Ma magnanimité me fait dire oui, puisque ce disque est encore porteur de très bons titres (« Hypodermic forest », « All the colors of the dark », « Shibari », « Bad vibes », « With you »), mais pas sûr que je continuerai à le suivre longtemps sur cette voie…
Related Posts
- 10000C’est vrai, ça fait un moment que je n’ai laissé traîner mes oreilles du côté de Seattle à la rencontre de Sadistik. Pourtant, en 2014, « Ultraviolet » m’avait vraiment fait bonne impression, avec ses prods atmosphérique assez personnelles. Un disque plus tard, le voici avec ce nouvel opus produit par Kno…
- 10000Je ne vais pas bouder mon plaisir ; trouver un artiste hip-hop original et ricain, c'est rare et d'autant plus appréciable. Sadistik, donc, est un (autre) jeune blanc-bec qui chante son mal-être au travers d'un hip-hop electro volontiers sombre et mid-tempo. Le flow du bonhomme fluctue entre cool et rapide,…
- 10000Le monsieur derrière le projet Gvllow est un homme intéressant de par ses goûts musicaux. Il a été dj pour des artistes de rap, mais à côté de ça il a un goût certain pour le rock au sens large. Son premier album, paru en 2020, présentait un style hybride…
- 82Si on est un tant soit peu amateur de hip-hop, on a déjà capté le potentiel de la musique de Forever Pavot pour le genre. De là à imaginer que ce rapprochement se ferait un jour, et de cette façon… j’en étais loin. Remontons un peu le temps et posons le…
- 79Je n’ai que peu écouté d’albums de Slaine en son nom, mais j’ai toujours apprécié ses apparitions sur La Coka Nostra ou ses featurings avec Ill Bill, Swollen Members, Snowgoons, bref toute une constellation hip-hop indé aux thèmes sombres et flows graves. Le mec n’a jamais été le lyriciste le…