ROME : The lone furrow

Jérôme Reuter n’est pas, sur ses disques, le mec le plus joyeux de la terre, ça on le savait déjà. Il distille à travers ses disques une amertume, une désillusion permanente, proche du nihilisme et du rejet de la société total du metal le plus extrême. Pas étonnant donc que parmi ses plus fervents fans, on trouve des musiciens officiant dans ce genre musical. « The lone furrow » voit une multitude de vocalistes prêter leur organe à monsieur Reuter… et la plupart sont des métalleux (Primordial, Behemoth / Me And That Man, Harakiri for the Sky, Rïcïnn, Pallbearer). Ce qui ne signifie pas que Rome opère sur ce disque un virage stylistique qui l’éloignerait de son dark folk / rock martial habituel ; juste que « The lone furrow » ne sera pas encore l’album de la reconnaissance et du hit international. Les titres sont toujours teintés de gris, au mieux. On prend « Masters of the earth » en pleine mâchoire ; c’est une attaque caustique envers la société actuelle, et si elle est dirigée vers les castes, il est impossible de ne pas comprendre que chacun(e) porte son lot de responsabilité, pour avoir sinon cautionné, au moins fermé les yeux. Les featurings amènent encore un peu plus de diversité à un style qui n’a cessé de s’étoffer au cours des années, moissonnant de plus en plus large musicalement pour élargir le champ des possibles. Aujourd’hui, le dark folk martial industriel brut et flippant de « Berlin » a cédé la place à quelque chose de beaucoup plus ouvert, naturel et sujet à un certain groove. Bon, bien sûr, la diction de Reuter, grave et appliquée, traverse chaque titre, et son style entre neo classique, neo folk et indus martial, très percussif, reste reconnaissable, mais le chemin parcouru depuis les débuts (Rome fête avec ce disque ses quinze ans de carrière) vaut son pesant de guide du routard. Le rapprochement avec un Me And That Man ou un En Minor est évident sur certains titres : ces gens, bien qu’originaires d’endroits différents, ont subi les mêmes influences invisibles. Rome bâtit des titres impressionnants par leurs enchevêtrements de sons et leur pouvoir de persuasion ; pour ma part je succombe immédiatement à un « The angry cup » ou un « Kali yuga über alles ». En tout cas, la productivité autant que la montée en puissance du luxembourgeois sont impressionnantes et louables ; Rome reste une valeur sûre.

Facebook

Instagram

Paroles de l’album

Related Posts

  • 10000
    Difficile de présenter Rome à quelqu’un qui n’a jamais croisé le groupe de Jérôme Reuteur avant. Non pas que sa musique soit particulièrement complexe à décrire, mais elle allie des univers qui ne sont pas forcément aisés à imaginer accolés : celui du (neo) folk, de la pop, et du goth…
    Tags: rome, a, ne, bien, on, n, rock, dark, folk, gothique
  • 10000
    Myrkur, Ricinn, Chelsea Wolfe... et Darkher. Depuis quelques temps, les filles explorent les passerelles entre musique expérimentale, ambiant, metal et pop songs cauchemardesques. Jayn Hanna, donc, s'est émancipée de sa formation d'origine The Steals pour voler de ses propres ailes noires. Et c'est plutôt bien de voir les donzelles du…
    Tags: bien, on, plus, reste, ne, rock, folk, gothique, a, the
  • 10000
    Bon, alors je sais que c’est réducteur, que ça ne se fait pas, mais quand même, vous brandir le blaze de Myrkur sous le nez pour décrire le premier album du projet solo de l’australienne Emily Highfield n’est pas seulement facile, c’est évident. Ce qui ne signifie pas que Suldusk…
    Tags: ne, l, folk, on, plus, a, the, disque, dark, n
  • 10000
    Oh non, il va encore nous parler de black metal, y’en a marre de cette musique de barbare ! Ah ahhhh ! Raté ! Et en plus, Ulvesang ne joue même pas du death, du doom ou une autre joyeuseté à grosses guitares et rage au ventre. Non ; ce duo canadien est ce…
    Tags: l, the, plus, folk, ne, on, reste, titres, n, a
  • 10000
    Il y a quelques années, alors que Winterfylleth foulait ses premières scènes, on découvrait en lui un nouveau chantre du black metal épique et atmosphérique. En fait, on y a très vite perçu une certaine bipolarité ; entre le black atmo et le dark folk, le groupe avait du mal à…
    Tags: plus, on, a, folk, dark, l, bien, ne, the

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *