ORELSAN : Civilisation

C’est marrant, j’ai très rarement écouté un album entier d’Orelsan, alors que je trouve son rap de qualité et ses textes parmi les plus intéressants du rap game francophone. Bon, il y a le fait que le bonhomme est tellement plébiscité et installé que je ne vois souvent pas l’intérêt d’en rajouter une couche. Pour lui comme pour les autres, d’ailleurs. Mais en faisant le tour, je me rends compte que j’ai quand même chroniqué « Le chant des sirènes ». Et aujourd’hui comme hier, ce que j’aime chez lui est intact ; c’est son mal-être, ses contradictions, son refus de sa propre condition, à n’importe quel moment de sa carrière, son réalisme qui va à l’encontre de son propre bonheur. Pourtant, ici, et c’est certainement ce qui m’a le plus marqué dans « Civilization », Orelsan montre un autre visage ; celui du bonheur, justement. Enfin, son bonheur à lui, pris à sa façon, c’est à dire toujours traversé de doutes, de cynisme ou de sarcasme. Mais quand même. Au travers de ces quinze titres, il évoque sa vie de couple rassérénée, ses relations familiales renouvelées, sa relation avec le succès. Et puis aussi ses galères du quotidien, et sa vie, tout simplement. Oh, il y a aussi un peu de storytelling, et il fait ça aussi très bien, mais ce qui est le plus passionnant pour moi dans ce disque, c’est l’effet miroir qu’il peut induire, la façon dont chacun peut le percevoir et s’y reconnaître. « Civilization » n’est pas une étude, c’est un écho. La vie, l’avis d’Orelsan ne sont intéressants que parce qu’il résonne dans notre propre histoire, nous met face à des vérités universelles et pourtant si personnelles. Alors oui, les titres plus légers me touchent moins, voir pas du tout. Mais rien que pour les autres oui, « Civilization » vaut pour moi le coup, et s’inscrit fièrement dans la continuité du travail de l’artiste. Maintenant, cette évolution va-t-elle être suivie par les fans ? Pas sûr, puisque, pour dire le mot qui fâche, on sent ici une « maturité » nouvelle qui contraste avec ce qu’on connaît du monsieur. Alors, dernier album d’Orel, premier du San ?

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