
Night Crowned est un combo suédois proposant un black virulent à tendance orchestrale, extension du style suédois. Le groupe m’avait déjà impressionné en 2020 avec son premier album, je venais donc assez confiant, m’attendant à retrouver à peu de choses près le même album. Et le résultat ? Oui et non. Oui, car bien sûr, la formation a tablé sur ses qualités et son savoir-faire pour proposer des titres intenses et riches mélodiquement parlant, mais je trouve globalement ces titres plus nuancés, plus complexes. Cela se traduit notamment par une plus grande théâtralité, un empilement de nuances et rythmes au sein d’un même titre. Lorsque je lance « Nattkront », je ne peux m’empêcher de ressentir un certain inconfort au niveau du riff de refrain, par exemple, qui s’emballe un peu sur la deuxième partie, au mépris d’un logique mélodique qui voudrait le faire rester sur le même rythme. On peut dénombrer plusieurs exemples du genre sur l’album, mais au final, on s’y fait assez vite, et ça participe probablement à l’originalité de l’ensemble. Un ensemble très réussi d’ailleurs, qui prolonge le plaisir ressenti avec l’album précédent et confirme le talent de Night Crowned, parfaitement à son aise au croisement d’un style cru et vindicatif et d’un style plus travaillé et conceptuel. Le groupe est assez malin, puisqu’il gomme un peu le caractère black du chant en incluant des intonations plus « core », ce qui ne pourra qu’étendre leur auditoire. Le fait que les paroles soient uniquement en langue maternelle peut, en revanche, occasionner un blocage pour ceux qui apprécient un disque dans sa globalité, paroles + musique. Même si, apparemment, le combo ou son entourage en est conscient, puisqu’il sous-titre en anglais les vidéos de « Nattkrönt » et « Fjättrad ». Bilan global ? « Hadanfard » est un excellent album, qui a l’intelligence de ne pas se contenter d’une redite. La marque des grands !