Je ne vais pas m’en cacher : My Dying Bride, j’ai lâché l’affaire depuis quelques années. La faute à une poignée d’albums pour lesquels le qualificatif « en demi-teinte » est bien en-dessous de la vérité. Pourquoi y revenir pour ce quatorzième album ? Parce que je suis tombé sur « Your broken shore » avant la sortie officielle, et que je me suis dit que, après les récentes épreuves vécues par le groupe et plus particulièrement le leader Aaron Stainthorpe (problèmes de line-up mais surtout cancer de sa petite fille, heureusement guéri depuis), le groupe avait du / pu retrouver l’inspiration et la gnaque d’antan. My Dying Bride, donc, a accouché de ce disque alors qu’il n’était pas en pleine possession de ses forces, amputé d’un guitariste historique, d’un batteur de longue date, et d’espoir. Mais l’absence d’espoir étant une composante essentielle de ses disques, c’est paradoxalement source d’espoir pour ses fans. Le premier titre, déjà cité, est donc une pure réussite, marqué par le contraste, déjà connu mais bienvenu, de la voix claire + mélodie simple et triste, avec la voix death doom et les riffs lancinants doublés de violon. « To outlive the gods » surfe à peu près sur la même vague, mais se montre un poil moins marquant. « Tired of tears » est une autre réussite éclatante de cet opus. « The solace » nous emmène bien plus loin que tout ce que My Dying Bride avait pu concevoir jusqu’ici ; si on faisait sortir les guitares, le titre ne déparerait pas dans la série « Vikings ». « The long black land » est plus classique mais très bien fait. « The ghost of orion » est un instrumental glauque mais un peu trop long. Peut-être aurait-il fallu l’écourter pour ne pas que l’intro de « The old earth » ne sonne redondante. Plus long titre du disque, celui-ci rappelle les belles heures d’un « The light at the end of the world ». Enfin, « Your woven shore » clôt l’album instrumentalement de façon délicate, sensible et magistrale. Bilan ? Pas le disque du grand retour annoncé, mais une œuvre bien pensée, d’une noirceur classieuse et d’une efficacité retrouvée. On pourrait la trouver plus doom que death et on aurait pas tort, mais la patte des anglais reste intacte, identifiable dans chaque titre ou presque. Belle prise.
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