Difficile il est d’écrire sur un style et une culture dont on ne connaît rien. C’est l’exercice auquel je me confronte aujourd’hui avec « Sika mila », 7eme album de M’Toro, Chamou, guitariste-chanteur originaire de Mayotte et qui s’inspire à la fois du folklore de son île comme de la musique occidentale. Drôle de mélange en effet ; avant que le chant très world-folk ne débarque, la guitare sèche pourrait bien évoquer un folk nord-américain (et encore, on a pas encore découvert le banjo oeuvrant ça et là…). Puis un rythme plus proche du reggae arrive. Des choeurs limite soul. Me v’là bien. Je ne comprends pas ce qui s’y dit, à peine ce qui s’y fait et comment c’est pensé, mais ça ne m’empêche pas d’apprécier ce disque. M’toro décrit sa musique comme du rock rencontrant ses racines musicales. C’est réducteur. Car le monsieur a baigné dès l’enfance dans la musique, celle des grands chanteurs de la métropole, de Bob Marley… Et puis il a évolué dans une formation hip-hop, tout en se perfectionnant à la guitare, après avoir joué les choristes pour un fan de Fela Kuti… Décidément, plus on creuse, plus on s’enfonce ici. Bon, ben du coup, tout ça dans un shaker. Parce que le hip-hop s’invite dans « Kamariya ». Que le blues transpire d’un peu partout. Que ce qu’on imagine de sa culture colore l’ensemble. Que de son passé de choriste, il a retenu l’importance que ce « détail » peut apporter de relief à une chanson. De rock, qu’entend-on ? A part sur « M’godro rebel », la forme, peut-être. Sans la jouer franchement « musique du soleil », « Sika Mila » est un disque assez lumineux, même lorsqu’il convoque un harmonica plaintif (« Udjendra »), il le fait avec une certaine légèreté. Tout ça est emballé avec simplicité mais feeling. Au final, c’est une belle rencontre pour moi qui ne goûte que rarement ce genre d’expérience, autrement en tout cas que métissée avec d’autres styles plus proches de ma sensibilité musicale. Et je vous encourage à tester vous aussi !