HAROLD MARTINEZ : The grim reaper

« A quelque chose, malheur est bon » disait-on jadis. Et bien, ce dicton ne pourrait tomber plus juste. Car ce troisième album du nîmois Harold Martinez n’aurait certainement pas été le même si son ami et ingé son n’avait été emporté par la grande faucheuse. Le temps de digérer la chose, le besoin s’est fait ressentir d’évacuer les sentiments en musique. « The grim reaper », donc. Pourtant, si je ne vous avais rien dit, « Ah tiens, un nouveau Woven Hand ? » auriez-vous pu vous vous exclamer à l’écoute de « Burn war party », le premier titre de ce disque. Le premier et non le moindre : un banjo, une basse envahissante et saturée, et une voix vraiment typée viennent souligner une mélodie folk rock bluesy et pêchue. Un titre qui aurait largement sa place sur la bande originale d’un film. Mais c’est loin d’être un one shot. « The grim reaper » est un tout, dont chaque chanson est reliée aux autres par un style, un souffle, un thème. L’auteur avoue une attirance pour les univers de Sixteen Horsepower, Nick Cave, Dominique A, Manset… Vous l’aurez compris, noir c’est noir, et l’espoir peut aller chercher sa pitance ailleurs ; ici les vautours ont déjà tout becté. Ici, la mort est omniprésente, que ce soit dans l’évocation de la vengeance, de l’ami défunt, de drames familiaux… La voix d’Harold elle-même, tremblante et désincarnée, a un air fantomatique. Et tout ça trempe dans une ambiance de western, où on imagine sans mal le personnage principal, anti-héros au passé meurtri, en quête d’une rédemption qui ne pourra être gagnée qu’en versant le sang, le sien comme celui des autres… C’est bien l’une des forces de ce disque ; on arrive sans mal à se le mettre en image mentalement. Avec un tel talent pour l’évocation, difficile de croire que « The grim reaper » ne sera pas repéré et pillé pour des bandes originales de films. On lui souhaite en tout cas, et on espère que l’album composé et prévu à la place de celui-ci et repoussé à plus tard à cause de l’événement suscité sera au moins aussi bon !

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