Lila Ehja est le projet solo d’une musicienne parisienne qui vient nous sapper le moral avec son deuxième opus d’une cold wave bien maussade après un premier jet en 2023 qui n’aura pas attendu bien longtemps sa suite. « Clivota », enregistré à la maison avec, selon l’aveu de la jeune femme, les moyens (et connaissances) du bord, reprend les choses à peu près là où « Yo » les avaient laissées. Mélodie lancinante, basse ronflante, voix évanescente et désincarnée (mais douce) se partagent le premier plan, tandis qu’une rythmique électronique souvent assez timide assure derrière. Ce qu’on peut remarquer, c’est que Lila s’est amélioré niveau potentiel d’accroche mélodique ; les pistes sont un peu plus chargées de menace, les guitares y aident parfois, et ça rend bien. Reste que l’ensemble de l’album nous noie un peu sous les mêmes sonorités et les mêmes rythmes ; c’est là qu’on voit qu’un œil extérieur pourrait être bénéfique au projet, l’amener empoisonner d’autres rivages et s’affranchir d’une « formule » limitante, autant au niveau de l’expression musicale que vocale. En me relisant, j’ai l’impression d’avoir été très négatif, limite péjoratif. Ce n’est pas mon intention ; si « Clivota » sonne un peu comme un shoot d’éther, c’est voulu et ce n’est pas une mauvaise chose, puisque c’est ainsi que sonne la cold wave. Mais les bonnes idées, les mélodies obsédantes et les gimmicks malins ne sont pas assez mis en valeur, ils doivent sortir de leur chrysalide pour mieux s’épanouir comme des roses noires et vénéneuses. Mon accueil n’est donc pas négatif mais mitigé ; cependant, je crois assez dans ce projet pour vous enjoindre à le tenir à l’œil, car une fois arrivée à maturation, la cold wave de Lila Ehja risque d’être mémorable.
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