A peine majeures, Rosa Walton et Jenny Hollingworth sortent ici leur deuxième album sous le nom Let’s Eat Grandma. Et si vous vous attendiez à quelque chose de simple et funky, vous repasserez ; l’époque est définitivement passée à autre chose. Il faut dire que les jeunes filles composent ensemble depuis qu’elles ont 13 ans, alors elles ont eu le temps d’expérimenter des choses, de peaufiner leur jeu, d’affirmer leur identité. Si la base est pop, ce n’est que le noyau, et tout un tas de genres gravitent autour ; electronica, indie rock, r&b, electro-pop, le tout avec un goût du risque aussi juvénile que réjouissant. Et si le style pouvait déjà surprendre en 2016, ici elles ont pris de l’assurance et « I’m all ears » entre donc logiquement dans une autre dimension. J’ai beaucoup lu ici et là « pop d’avant-garde ». Et pour une fois, je ne m’opposerai pas à ce terme un brin pompeux pour décrire une musique aussi imaginative qu’ancrée dans un souci de lisibilité très actuelle. Car ne vous y trompez pas ; si le duo s’octroie la liberté d’aller où bon lui semble, quitte à mettre l’auditeur sur une fausse piste dès le début de l’album avec l’instru sombre « Whitewater », il ne perd jamais de vue la mélodie et le rythme, et c’est tout à son honneur. Mais il aime à l’envelopper, la cacher, la transformer, la complexifier. Ce qui rend ses chansons encore plus intéressantes et « adultes », même si je rechigne à utiliser ce qualificatif. Ce que j’essaie de vous dire, c’est que Let’s Eat Grandma, sous ses airs rêveurs et son tripatouillage sonore, a beaucoup de mal à cacher un réel talent de composition. « I’m all ears » est d’une richesse hallucinante, et dame le pion à pas mal de formations se targuant d’amener la musique à un autre niveau. On espère juste que le groupe ne se perdra pas ou n’explosera pas en route, victime collatérale d’un trop-plein de soif d’explorer !
Let’s Eat Grandma : Hot pink
Let’s Eat Grandma : It’s not just me