Depuis quelques années, Calc s’est effacé au profit d’une carrière solo pour Julien Pras. Mais quelle que soit l’identité que celui-ci décide d’arborer, on le reconnaît à sa voix légèrement nasillarde, blanche, à son penchant pour les titres mélancoliques, voir franchement déprimants, à son écriture indie pop toujours concise et sensible. Que certains lui reprochent de tourner toujours autour d’un Elliott Smith, de ressasser les mêmes thèmes et mélodies, c’est un reproche que je peux entendre et comprendre. Mais quelque chose chez lui pousse à retenter l’expérience dès qu’une nouvelle occasion se présente. Il faut dire que si l’homme est parfois fidèle à cette (mauvaise) réputation, il est aussi capable d’écrire de véritables pépites pop. « Wintershed », troisième album solo, ne me fera pas mentir. Ses aller-retours incessants entre splendeur et décadence sont typiques d’un disque du bonhomme, et ses fans y retrouveront avec bonheur tout ce qui a fait le charme et le succès d’estime des précédents. Les non-initiés pourront, eux, y découvrir un artiste rare sinon unique dans l’hexagone, porteur d’une identité certes marquée par ses influences mais suffisamment travaillée pour se démarquer grâce à ses mélodies vocales, ses tournures mélodiques surprenantes et son atmosphère amère et rêveuse. Effectivement assez hivernal, « Wintershed » ne protège pas du froid, mais semble le couver pour le garder intact plus longtemps. Qu’il y parvienne ou pas, c’est uniquement de votre ressort maintenant !
Julien Pras : Horses in disguise