
En 2014, “Benidorm dream” ébranlait les bases d’une musique électronique qui rarement se permettait d’aller explorer plusieurs niches à la fois. Bien entendu, ce nouvel album suit le même chemin que les trois autres ; une reconstruction toute personnelle de la pop, avec une forme vraiment inédite et étrange, entre joie et résignation, envie de pleurer ou de danser. A la première écoute, ce « Precipice fantasy » désarçonne encore plus que ne le faisait « Benidorm dream ». Parce qu’il semble plus sage, plus contenu, moins effervescent de créativité. Pourtant, il est tout aussi original, et ses titres sont des énigmes sur lesquelles on aime revenir à plusieurs reprises pour tenter d’en percer les mystères. Gwenaël Navarro aime ça, apparemment, brouiller les pistes ; la preuve, ce jeu constant avec les différentes formes d’expression vocale. Surexposée, sous-exposée, ralentie, déformée, saturée, la voix est un instrument comme un autre ici, et c’est probablement le plus difficile à appréhender, pour l’auditeur lambda comme pour moi qui connaît déjà le travail de Koudlam. Il y a chez lui, sous-jacente, toujours l’idée du voyage, que celui-ci soit intérieur ou géographique. Dans tous les cas, ce qui en résulte est assez étourdissant et toujours étonnant. Koudlam est définitivement à part sur la scène musicale. On sent tout de même que Koudlam se cherche un peu via cette exploration. Alors oui, on a envie de découvrir la suite de ses pérégrination, mais on a autant envie de voir ce qu’il pourra proposer une fois qu’il se sera trouvé, avec toute l’expérience et le savoir-faire qu’il aura accumulé !