J’ai eu l’occasion de croiser Infestus ça et là au cours des années. Pour moi, il s’agissait d’un fier défenseur d’un black metal cru et sans beaucoup de compromission, même s’il se montrait souvent moins intransigeant qu’il n’y paraissait. Mais sur « Thrypsis », les choses ont bien évolué. Bien sûr, on retrouve, comme sur un « Thron aüs Trummern », des belles grosses traces d’un black metal froid et haineux, mais celui-ci a muté en une entité plus nuancée, plus réaliste, moins dans le folklore black. De fait, la musique du one-man band se rapproche de formations dont le black est certes le matériau de base mais qui l’amènent en des territoires plus décadents. Forcément, le nom de Shining vient à l’esprit. Mais le travail d’Andras pourrait aussi bien lorgner du côté d’un Morgul moins grandiloquent. Et tout ça est plutôt une bonne chose, finalement. Le souci, c’est que le rendu sonne un peu trop clinique. Chez les autres formations, on ressent des tripes, de la folie, des blessures profondes… Ici, on a l’impression que chaque chose est à sa place, pensée et maîtrisée. « Thrypsis » est carré, très bien composé, et possède un son impeccable. C’est bête à dire, ça doit être pire de l’entendre, mais ce n’est pas suffisant. Bien sûr, Infestus accouche d’une (autre) très bon disque, et on ne pourra jamais dire que son auteur n’est pas doué dans ce qu’il fait. Il manque cependant une étincelle, celle qui met le feu aux poudres et fait de ce rendez-vous un feu d’artifice. Allez, on y croît pour le prochain !
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