
Non, cet Ibaraki-là n’est pas belge, et il se pourrait même qu’il soit bien habillé et ne conduise pas une voiture sujette à des concours de tuning. En fait, il s’agit du projet solo de Matt Heafy, guitariste et chanteur des américains Trivium. Pour celles et ceux qui ne le connaîtraient pas, même si je doute que ça existe en territoire metal, Trivium est l’un des fers de lance du renouveau du thrash metal. Mais Ibaraki est bien loin de tout ça… même si, pas complètement. Il faut savoir que Matt Heafy est né au Japon, et que ses parents ont pas très longtemps après traversé l’océan pour s’installer aux Etats-Unis. D’où le titre et pas mal d’influences développées ici. C’est donc de racines qu’il est question avec cet album. Mais pas uniquement de racines géographiques. L’idée du projet a semble-t-il germé longtemps dans l’esprit du monsieur, avant que celui-ci se lance. Et pour ce faire, il a demandé l’appui de l’une de ses idoles, qui nous éclaire sur le style qu’on va trouver ici. Il s’agit d’Ihsahn. Ensemble, ils ont conversé, échafaudé des plans, retourné des riffs et des idées. Et le résultat est étonnant. « Hakanaki hitsuzen » est la première surprise ; elle prend la forme d’un titre neo folk aux influences balkaniques. Très réussi, et absolument pas metal. « Kagutsuchi » est bien plus frontal, même s’il est une sorte de passerelle entre plusieurs mondes, intégrant de la musique folklorique, du post metal, du thrash, du heavy metal, du metalcore. « Ibaraki-doji » lâche plus les chiens, avec un riff principal exceptionnel et un enrobage symphonique du plus bel effet. Ici et là, les influences black metal sont en effet plus marquées, et c’est très agréable. Comme sur « Akumu », ce duo avec Nergal, qui heureusement coche toutes les cases attendues. Ou celui avec Ihsahn, forcément plus aventureux et ambitieux mais non moins passionnant. Ou la furieuse « Tamashii no houkai ». L’ensemble de ce disque est d’ailleurs assez impressionnant de créativité et de personnalité, même si on sent l’auteur un peu tiraillé entre ses différentes composantes. Ibaraji présente ici des titres solides et efficaces mais qui ne manquent pas non plus de folie. On a forcément hâte de voir si une suite est prévue, et de découvrir la teneur de celle-ci !