Deafheaven est l’un des fers de lance de la scène blackgaze. Assez jeune, puisque formé en 2010, le groupe ricain a réussi avec son deuxième album « Sunbather » à créer la surprise et forcer l’admiration de bons nombre de gens. Bien sûr, l’association contre-nature soleil / ténèbres ne plaît pas à tout le monde. Car oui, Deafheaven ose allier toutes les caractéristiques du black metal à des riffs plutôt lumineux. Et enfonce le clou sur ce nouvel opus. Bon, bien sûr, l’intensité est là, la voix à la Grutle Kjellson d’Enslaved aussi, et les cinq de San Francisco n’enchaînent toujours pas les relectures des titres de Frédéric Lecoultre (allez-y, youtubez, ça vous fera la soirée), mais « New bermuda » ne peut tout de même pas être abordé par les fans de metal extrême sans mise en garde. Oui, cet album est bon, oui le groupe parvient à marier deux ambiances bien différentes au sein d’un même titre, mais le mélange reste toujours aussi déstabilisant. Concrètement, il faut pour pénétrer l’univers de Deafheaven, aimer le black metal, le post rock, le rock indépendant, et s’imaginer tout ça en même temps, joué par des gens aux looks impeccables. Ni vraiment le même ni complètement différent, ce troisième essai est une suite logique mais pas convenue. Surprenant, élégant, mélancolique et sauvage, Deafheaven est une expérience unique, dont « New bermuda » n’est, on l’espère, qu’une nouvelle étape d’un voyage qu’on espère encore long.