Ce nom ne vous dit peut-être rien mais… Non, arrêtons le baratin ; moi non plus. Le monsieur, d’origine russe et ukrainienne, mais qui réside en France depuis bien longtemps, a composé un tas de musique de films et de séries que je n’ai pas vus, et voici qu’il nous arrive par le biais d’ECM, un label que je connais plus pour ses artistes jazz. Sauf que de jazz, il n’en est absolument pas question ici. « Theory of becoming » pourrait bien être estampillé « musique contemporaine », s’il ne reposait pas quand même beaucoup sur des éléments électroniques. On serait tenté de le qualifier d’ambiant, mais il s’appuie sur pas mal d’expérimentation et de recherche sonore, et il serait dommage de mettre ça de côté. Bref, difficile à mettre dans une case, ce premier album solo (il a l’habitude de composer avec son frère). Mais si l’exigence de son compositeur transparaît sur chaque titre, au travers des mutations qu’il fait subit aux instruments utilisés sur chacun d’eux, les émotions qu’elle suscite sont, elles, à la portée de tous. Je n’ai pas le livret, et ne sais donc pas ce qui se cache derrière les dix pièces de ce premier opus, mais un simple survol des titres suffit à faire penser que les thèmes ne sont pas légers. Et musicalement, c’est bien ce qui en ressort aussi : un côté surréaliste, sombre, inquiétant. Forcément, on trouvera beaucoup de similitudes avec la musique de film ici, et ce n’est pas un mal : « Theory of becoming » y gagne en pouvoir d’évocation, en finesse des mouvements. Chaque segment est mesuré, les angles sont calculés, le temps est un espace dont chaque portion, qu’elle soit occupée par un silence, une charge symphonique ou quelque chose entre les deux, est employée avec minutie et à dessein. On est plutôt face à une description musicale d’un déclin qu’une symphonie du nouveau monde, et ça ne plaira pas forcément à tout le monde, mais pour moi c’est une découverte assez troublante !
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