En 2017, Elise Mélinand participe à The Voice. Je ne la remarque pas. Remarquez, je ne regarde pas l’émission, ça n’aide pas. En mai 2020, Elise Mélinand m’envoie un gentil mail enjoignant votre serviteur bossu et difforme à aller écouter son album « Murmures ». Et j’y vais. Et je la remarque, enfin. « Murmures » est le troisième album de la jeune femme, qui cultive un univers très personnel. Oh, bien sûr, mon vilain côté (le bon n’apparaît que quand je me tourne de trois quart gauche, mais non, ce n’est pas une légende) m’a fait dire, une fois sa voix posée sur la délicate mélodie de « Les heures du couchant », « tiens, elle chante comme Coeur de Pirate ». Bon, avec un peu de recul, oui, il y a de ça, mais Elise est plus lyrique, plus néo classique dans son interprétation (on pourrait aussi avancer les noms de Kate Bush et Agnès Obel). Et ceci dit, la voix mutine de la susdite québecoise est l’une de celle qui me transporte le plus parmi les vocalistes francophones. Et puis, ce n’est pas une lubie ; dès la réinterprétation (brillante, au passage) de « You’re the one that I want » (de la bande originale de Grease) lors de la sixième saison du radio crochet de TF1 (oh là là c’te travail de journaliste !), c’était la voix assurée qu’Elise s’était présentée au jury. Enfin, bref. Si « Murmures » est présent ici, c’est qu’il propose bien plus que ce qu’il promet. Oui, c’est de chanson française qu’on parle ici, si on veut schématiser. Mais musicalement, on est bien loin de la variété. Violoncelliste de formation, mais aimant la musique sous bien des formes, notamment les plus électroniques (penchant renforcé par son passage à Berlin), amante de la langue française, attachée à la poésie et amatrice de la jonglerie des sens, Elise parvient ici à manier / marier ces passions et en faire un tout cohérent. Alors la question que je me pose à l’écoute de ce disque, c’est « à qui profite le crime ? ». Ce disque a besoin d’être propulsé vers les bonnes personnes pour alunir ; son profil particulier ne va pas l’aider. Moi, je l’ai aimé, presque entièrement (je fais l’impasse sur le trop ampoulé pour moi « Aves spicere » et sur le refrain de « Les gémonies »), mais je lui trouve un air de « pépite cachée », avec tout ce que ça implique de manque de visibilité. Alors si à la lecture de cet article, vous pensez à certains contacts susceptibles de l’aimer, partagez donc !
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