Dookoom s’est depuis ses débuts fait le chantre d’une trap / electro punk / hip-hop brutale, sombre et frontale, une musique de francs-tireurs et activistes d’Afrique du Sud autant que de bad guys qu’on aimerait pas croiser dans une ruelle sombre de Cape Town. Selon le label, si Dookoom se rebellait et fonçait dans le tas avec le précédent « No ! », ici le groupe se montre plus positif et rassembleur. Et ben mon ralouf, si c’est ça rassembler, la paix dans le monde, l’unité nationale ou même une poignée de main sincère entre parisiens et marseillais, c’est pas pour demain ! Bref, peu importe les intentions du groupe d’Isaac Mutant : Dookoom est et restera une créature hideuse et malsaine. Et ça tombe bien, puisque c’est comme ça qu’on l’aime. Ceci dit, « Riffak » se montre un peu plus malin que ses prédécesseurs. Certes, le style est toujours assez similaire de titre en titre, mais le groupe a trouvé sa vitesse de croisière et s’accroche désormais à une efficacité de tous les instants. Ce qui est forcément un bon calcul, puisque le manque de cohérence et d’accroche était ce que je lui reprochait sur « No ! ». Certes, « Gangstaz » ouvre les hostilités de façon assez attendue, par un mid-trempo bien crasseux. « Shotgun » et son vrai-faux riff font un pas de côté, mais c’est bien « Fuck you » qui lance les choses avec son gimmick obsédant. L’ensemble de l’album est encore plus trap qu’avant, plus bad boy, plus gothique. Plus que jamais, Dookoom est plus susceptible de plaire aux blancs-becs amateurs de hip-hop à leurs heures perdues qu’à ceux qui ne jurent que par les sons bien propres de Drake ou Lamar. D’ailleurs « Riffak », c’est « kaffir » en verlan, soit barbare, incroyant ou paria ; ce que Dookoom restera probablement s’il persévère dans la voie qu’il a choisi. Tant mieux pour nous !
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