Déjà pressenti comme un disque maudit, ce retour par la petite porte du monstre supposé, authentique écorché vif Bertrand Cantat, dont je ne vous ferai pas l’offense ni de retracer la carrière musicale ni de m’épancher sur les raisons de ce come-back camouflé, effraie autant qu’il attire. Il me faut d’abord avouer mon désamour pour le Noir Désir des derniers temps, qui butinait déjà à d’autres fleurs qu’à celle née du bitume. Trop ceci ou pas assez cela, je n’y trouvais en tout cas pas mon compte, et avais le sentiment que la voix du charismatique bordelais y était sous-exploitée, comme un bijou trop ostentatoire qu’on préfère cacher pour ne pas être jugé uniquement à son aune. Bref, Detroit. Une volonté farouche de liberté, une intention affichée de faire simple, et un goût pour le voyage, voici le programme. Mais le voyage commence mal : « Ma muse » est une collection de rimes pauvres et de mélodie simplistes, on se croirait chez certains chanteurs français à la mode. Heureusement, « Glimmer in your eyes » avec ses faux airs de Johnny Cash, change la donne et nous fait espérer le meilleur. Suivent une « Terre brûlante » trop longue et monolithique, deux interludes qui sentent bon le désert (« Detroit – 1 » et « Detroit – 2 »), deux ballades intimistes mais un poil trop sages (« Ange de désolation » et « Sa majesté »), un hybride de Noir Desir inter-époque (« Horizon »), la déjà connue et très réussie « Droit dans le soleil », le mirage d’une époque qu’on croyait révolue (« Dans le creux de ta main »), un essai rock de bonne facture (« Null and void ») et une reprise qui va comme un gant à Cantat (« Avec le temps »). Au final, c’est partagé que je rejoins la terre ferme. Si la promesse de voyage et de liberté est bien respectée, en revanche la qualité n’est hélas pas toujours au rendez-vous. Question de tempérament, c’est sur les titres les plus rythmés que la sauce prend pour moi. Le reste navigant entre potable et passable, je ne remonterai pas dans le bus pour l’instant.
Detroit : Droit dans le soleil