
Leon Michels est autant un génie qu’une tête chercheuse. Aujourd’hui, il amène dans ses bagages le troisième album du groupe germano turque Derya Yıldırım & Grup Şimşek. Comme d’habitude pour ce genre de formations, on se situe quelque part entre folk rock anatolien, pop psychédélique et incursions soul / funk. La voix de Yildirim pourrait aussi évoquer la musique indienne par moments. Et bien sûr, on ne pourra s’empêcher de comparer ça avec un Altin Gun ; arrêtez donc, on y est pas.
Les deux formations ont, outre la forme du chant, des différences plutôt que des ressemblances. Bien sûr, elles ne sauteront pas aux oreilles de celles et ceux qui n’ont pas l’habitude. Mais « Yarin yoksa » est bien plus posé, plus planant, plus sage que les albums de ses voisins. On y trouve trois revisites de mélodies traditionnelles, une reprise d’un musicien influent, le reste étant constitué de titres originaux. Le groove omniprésent, autant dans les titres les plus rythmés que les plus doux, joue un peu contre votre serviteur, pour qui ce n’est pas la panacée. Mais il y a autre chose ici, et là, ça fonctionne beaucoup mieux chez moi. Une sorte de feeling hors du temps et de l’espace. Vous me pardonnerez mes manières, mais mon turque étant un peu rouillé, je désignerai les titres par leur numéro. Les titres 1, 4, 5, 7, 8, 11 sont des pépites à mon sens, et la production fine de Michels les magnifie encore plus. Bien sûr, ça ne vous parlera que si vous êtes un minimum sensible à une certaine forme de world music. Et avis aux réfractaires, il y a quelques années en arrière, je ne pensais pas non plus en être capable. Mais aujourd’hui, je suis content de pouvoir écouter et apprécier un disque comme celui-ci ; mon univers s’en trouve agrandi.