Il y a maintenant 4 ans, « Torn in two » nous l’avait joué volte-face, effaçant un peu le côté poétique et évanescent des premières œuvres de Deru pour y amener du drone, des rythmes plus durs et des ambiances plus sombres. Et bien, oubliez tout ça, Benjamin Wynn a encore changé de positionnement pour ce nouvel album, qui met en avant un piano agrémenté de quelques effets discrets. Informations prises, il s’agit d’un Disklavier, un piano équipé d’un dispositif particulier qui lui permet d’être contrôlé numériquement. Deru a d’abord composé et enregistré ce disque, puis l’a réenregistré dans un silo de missiles désaffecté près de Los Angeles. « We will live on » peut clairement être considéré comme un album concept, puisque, hormis les sujets traités (la solitude due à la pandémie, les difficultés climatiques en cours et à venir…), il développe une musicalité bien différente que ce à quoi il nous avait habitué. Ce disque peut, de fait, se rapprocher plus des disques neo classiques qu’on peut voir sortir ces derniers temps, et surtout des plus intimistes et minimalistes. En effet, si quelques éléments électroniques se font jour, l’ensemble est quand même marqué par une économie (volontaire) de moyens qui, il faut bien le dire, grève un peu l’impact final du disque. Bien sûr, ça reste une œuvre agréable et de qualité, mais on a tout de même une impression de « trop peu » à sa conclusion.