
Witcher, c’est un nom qui a du être choisi par un millier de groupes. Et le genre développé par les hongrois, à savoir le black atmosphérique, n’est pas non plus le plus rare qui soit. Surtout que son style s’inspire de formations assez old school (on parle de Summoning et du Dimmu Borgir des débuts dans le dossier de presse). Witcher, donc, est un duo formé en 2010, et qui a jusqu’ici sorti (quand même) deux démos, deux splits, deux ep et deux albums. Pas né de la dernière pluie, donc. Le groupe s’exprime uniquement en hongrois, et c’est un sacré frein à l’export. En plus, le groupe est signé sur un label de chez eux. Ça fait beaucoup de bâtons dans les roues, non ? Pourtant, et malgré (aussi) son nom à coucher dehors, « Lelekharang » se retrouve ici, devant vous. Pourquoi ? Parce qu’il est bon, tiens ! Witcher déploie ici un style très courant, effectivement, assez rétro, et qui vise bien plus l’émotion que la haine pure, ce qui n’est pas forcément dans l’air du temps. Le tempo est plutôt lent, les mélodies épiques doublées de riffs lancinants, ce qui rapproche plus Witcher de Summoning en effet, et les titres assez longs. Les voix (black) de Roland et (chant lyrique / évanescent) de Karola vont assez bien ensemble et n’en font ni trop ni trop peu. Les guitares et les orchestrations se partagent assez bien l’espace, toutes deux plutôt convenues mais aussi tout à fait convenables. En fin de parcours, on a droit à une jolie relecture de la « Moonlight sonata » de Beethoven ; on pourra certes dire que le groupe ne s’est pas foulé, puisqu’elle consiste « juste » en une interprétation au piano accompagnée d’un riffing black, mais bon, ça fait son effet quand même. Bref, « Lelekharang » est un (très) bon disque, les parenthèses dépendant de votre adhésion à un genre pas original mais maîtrisé.