En 2018, je me penchais sur « Escape », dernier opus d’une trilogie dédiée à Henri Laborit, scientifique et philosophe, et en ressortais aussi impressionné qu’enthousiaste. Ce « Johannes » est l’occasion de vérifier si j’avais raison d’espérer autant de la suite des aventures d’Ak, grand manitou derrière Decline Of The I (et des dizaines d’autres formations,, en fait). Cette fois, c’est à Soren Kierkegaard, théologien et écrivain chrétien qui a passé une bonne partie de son œuvre à interroger et remettre en cause sa propre foi, voir même le concept de foi. Vaste programme, illustré par un post black metal moins froid et plus empreint d’influences neo classiques que par le passé, que ce soit par l’instrumentation, la dramaturgie, la structuration du propos et l’emploi de diverses voix complémentaires. Bien sûr, tous ces éléments étaient déjà bien présents, mais « Johannes » donne l’impression qu’ils ont été repensés, qu’ils gagnent ici un nouveau statut, qu’ils participent plus à une architecture globale. En tout cas, on ressent une plus grande homogénéité, un projet, une logique au sein de cet album. Quoi qu’il en soit, en cinq titres plutôt longs, la formation parvient à magnifier et faire ressortir chaque élément, et surtout à tenir en haleine tout du long sans que jamais on en vienne à se dire « là, ça aurait mérité plus de ci, ou moins de ça ». Ce qui est assez rare. Si je devais comparer la portée de cette œuvre à une autre, j’évoquerai le « IX equilibrium » d’Emperor : un acte qui s’appuie sur les acquis du passé et intègre plus d’arrangements complexes et savants, plus d’éléments exogènes, mettant le tout au service d’une vision à la fois personnelle mais respectueuse des codes du genre. Le suivant sera-t-il un « Prometheus » alors ? Nous verrons bien. Pour l’heure, savourons cette entame d’une nouvelle trilogie qui va mettre des paillettes dans nos vies !
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