David Allred a, semble-t-il, une piètre opinion de lui-même, et une certaine amertume concernant son parcours. Et pourtant, il est doué le bougre. Tout en retenue, il développe avec « Transition » un style d’une sobriété et d’une élégance bluffantes. Les influences jazz sont bien présentes, mais fondues dans une expression post pop (sans dépression) qui emprunte également au néo-classique et à d’autres expressions plus originales. Angelo Badalamenti n’est pas loin. D’autres bribes de carrière me viennent également en tête ; les Czars de « Drug », Brendan Perry, Cousteau… La grande force de ce disque, c’est de se montrer complètement envoûtant en faisant une économie d’efforts certaine. Cordes, trompette, piano sont la colonne vertébrale de ce disque et servent de support à des titres jazzy qui naviguent dans une barque flottant au-dessus des eaux à travers une brume irréelle. Quelques doublements de voix renforcent la singularité de l’ensemble. Mais surtout, ce qui ressort d’une telle œuvre, c’est la beauté et la vision de son auteur. Si le disque accuse quelques longueurs et nous amène parfois sur des territoires plus balisés à la limite du jazz vocal mainstream, on ne peut qu’être impressionné par la profondeur de son monde et son talent.