Quand j’ai lu, il y a quelques temps, que Cascadeur s’exprimerait désormais au moins en partie dans sa langue maternelle (spoiler : il est français), j’avoue avoir eu un petit frisson. Pas de ceux qui naissent par excitation ; j’ai une certaine intolérance à la chanson francophone, ayant besoin de m’extraire du propos, du sens, pour apprécier le son et le remplir avec les richesses de mon propre univers intérieur (c’est beau hein ? c’est pour la télévision française). Et paf, « Les ombres » ne me laisse même pas le temps de me préparer à l’idée. On y retrouve bien le style aérien et mélancolique de l’artiste, sauf que cette fois, il s’envole littéralement vers son destin. Et vous savez quoi ? Le côté très symphonique et héroïque du morceau compensent largement le reste. Le titre passe très bien, et Cascadeur peut donc enchaîner avec un « La promesse » du même tonneau. Et finalement, c’est la (un peu plus passe-partout et gentillette) « Young », en anglais elle, qui passe moins. Cooommment ? Mais que m’arrive-t-il ? Est-ce une ruse perfide pour me faire changer de position (oui, c’est bien connu, le critique pense que l’artiste s’adresse spécifiquement à lui avant tout) ? Non, parce que pour « Back to life », c’est pareil, c’est bien sympa mais un peu trop ouvert et positif, trop shiny à mon goût malgré les accents tragiques de l’instrumentation toujours très ample et classe. Retour en mode intimiste avec un « Respirator » classique mais agréable. « Rapaces » remet une couche de français sans forcément que j’y trouve à redire, avec toujours ce fil rouge du vol. Le reste suit le même chemin, avec toujours cette élégance dans les arrangements et l’interprétation qui colle au casque du Cascadeur. On appréciera particulièrement le duo avec Stuart A. Staples sur « Wanted », magnifique titre. « Revenant » n’emploie finalement que peu la langue française, et parvient à la faire intégrer son univers sans qu’on ait l’impression d’une interférence ou une anomalie. Joli coup.
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