
Arrivés à bout de leur second album « Isles », les irlandais de Bicep n’en avait toujours pas fini avec leur boulimie de musique électronique, bien au contraire. Ils durent se rendre à l’évidente ; quoi qu’ils fassent, ça ne suffirait pas à assouvir leur inextinguible soif d’expérimenter et de créer. Alors ils se lancèrent dans un projet autrement plus ambitieux qu’un troisième opus. Un projet total, englobant tous les pans de leur vie et allant plus loin encore que le projet Bicep ; Chroma. « Chroma 000 », ce n’est donc pas qu’une nouvelle œuvre, mais le manifeste de ce tout. Show visuel, multiples personnalités, styles changeants au gré des envies des messieurs, liberté artistique totale, création d’un label éponyme, pelletées de sorties single, collaborations diverses : c’est tout ça à la fois Chroma. Ce disque est donc non pas un tout construit, mais une compilation de la première période (depuis 2024) de cette nouvelle ère pour le groupe. Ce qu’on remarque assez vite, c’est que l’ensemble est tout de même bien plus orienté dancefloor et rythmique. Sur les deux autres albums chroniqués ici, on percevait déjà cette efficacité. Mais là, elle crève les tympans. Avec ce double disque totalisant 53 minutes, Bicep assoit sa suprématie sur le royaume electro. Ces mecs sont doués. Techno, breakbeat, ambient, acid, ils ne s’interdisent rien et réussissent dans tout. On retrouve les samples bien placés, l’obsession des répétitions, l’utilisation futée de la tempérance, et le plaisir de se repasser des titres alliant science du rythme et de la mélodie. Je ne vais pas me fatiguer à citer les bons titres, vous savez lire comme moi ; il n’y a que ça. Outrageusement bon.






