AMON TOBIN : How do you live

Je n’ai pas suivi les pérégrinations d’Amon Tobin sous ses autres pseudos, et suis resté sur la parution de 2019 « Fear in a handful of dust », que j’avais bien été obligé de trouver très bonne et toujours plus aventureuse. Ce que je viens donc chercher ici, connaissant le travail du bonhomme depuis un bon moment déjà, c’est quelque chose d’encore plus fouillé, plus poussé, une hybridation jazz / electro / ambiant avec un autre petit plus, un mouvement de quelques degrés qui offre un autre regard sur l’oeuvre globale. C’est précisément ça, « How do you live » ; une question qui n’en est pas une, une réponse temporaire à l’inextinguible soif d’apprendre et d’expérimenter de l’artiste. Ici Amon Tobin intègre des sonorités rock et psyché à sa musique (à priori venues par capillarité de son projet Only Child Tyrant). Un peu moins froide encore, sa musique n’y gagne pourtant pas en simplicité : le mélange est agréable mais instable, et même quand une voix s’y invite (« Sweet inertia »), le monde tourne toujours à l’envers. Non pas que je m’en plaigne : cette asymétrie des structures, cette asynchronie avec le monde qui l’entoure est ce qui caractérise le mieux le projet et lui donne tout son sens et sa saveur. C’est simple, si Amon Tobin se mettait (sous ce pseudo du moins) à produire quelque chose de lisse, mélodique et évident, on crierait au scandale, à la trahison. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour se faire refourguer n’importe quoi. Ah, je vous ai fait peur ? Non, ce n’est pas le genre de la maison Tobin de procéder de la sorte. « How do you live » demandera un temps d’adaptation, surtout à celles et ceux qui auraient quitté le navire depuis quelques temps. Mais si sa manière de repenser la musique peut déstabiliser, elle reste garante d’un intérêt renouvelé pour les (forcément) curieux que sont ses fans. Encore une fois, c’est un album sur lequel il ne faudra pas hésiter à revenir, une œuvre à disséquer, aux mélodies présentes mais serpentant le long d’un chemin éminemment personnel, que les fans seront heureux d’arpenter !

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