
Il y a quelques mois, le duo Abraham Fogg m’avait mis l’eau à la bouche avec son electronica ambiant bien sombre et assez expérimentale, au sein d’un ep / teaser qui en disait et montrait suffisamment sur un concept autour de la sorcellerie pour captiver, mais pas assez pour éteindre une inextinguible soif d’en voir et savoir plus. Ce n’est qu’en ce début d’année que je m’attelle à l’écoute de ce premier album du groupe sorti début décembre, et sur lequel on retrouve bien sûr les titres déjà connus par l’ep (« Le vol des sorcières » et « Meridian brothers »). Pour le reste, pas de gros chamboulement, on retrouve l’ambiance horrifico – synth wave qui en avait fait tripper plus d’un. Ce qu’on retrouve aussi, et on ne peut que féliciter cette initiative, c’est un support visuel omniprésent qui confirme que Abraham Fogg est un concept, un package tout-en-un plutôt qu’un autre projet purement musical. Et pourtant, dans un premier temps, et puisque de mon côté c’est la musique qui me fait vibrer, je décide de découvrir l’album sans ce support. Autant pour m’imprégner que pour créer mes propres images mentales sans être parasité par la vision d’un autre. Et alors ? Alors c’est tout aussi bon que ça l’était. Le disque se partage entre colorations dark ambiant, electronica, musique de film, synth wave et electro indus (l’usage de la saturation fait beaucoup). Des sons moins synthétiques (des cordes pour la plupart) sont accueillies ça et là, apportant autant de respirations que de nuances entre le viscéral et le paranormal. On peut bien sûr se demander quoi, outre le clin d’oeil sympathique à un titre obscur au croisement de la blacksploitation et l’épouvante, a poussé le groupe à choisir un tel titre pour son œuvre, qui ne reflète pas vraiment son contenu. Mais ce serait se méprendre sur les intentions et le jusqu’au-boutisme de la formation ; « Blakkula » est en fait le nom d’une île légendaire sur laquelle le diable accueillait le sabbat des sorcières, et qui a pour propriété de ne pouvoir être atteinte que par la magie. Bluffés ? Attendez donc de vous faire ensorceler par ce premier album !