Inutile je pense de vous présenter à nouveau Einar Selvik, son projet Wardruna a gagné en popularité de façon exponentielle avec son pagan folk épique pronant volontiers un retour aux sources. De ce retour, il en est bien entendu encore une fois question ici. « Birna », c’est l’ourse gardienne des forêts et de la nature, celle qui nous relie à la terre. Oubliée, chassée, elle hiberne mais n’attend que de pouvoir revenir et nous rappeler combien son rôle et ce qu’elle représente est important. Ce sixième album ne désarçonnera personne. Le musicien a à la fois trouvé son rythme et son style, et s’il ne manque pas de s’investir toujours plus dans la connaissance de la culture et de la musique qui sont la sève de son art, il reste attaché à une forme d’interprétation que les fans ont bien intégrée. Vous ne me ferez pas dire que sa musique est chiante. Au contraire, qu’elle s’exprime en toute intimité ou de façon très démonstrative, elle est un spectacle, une épopée. On ne peut qu’être emporté par les efforts conjoints des percussions, voix, chœurs, flûtes, cors, synthés et instruments divers, qui font vibrer notre âme et transposent la puissance et la conviction d’un rituel païen. Pour coller au thème de la gardienne ourse, on trouve plus de voix féminines ici, parfois créant une sorte de dialogue. Mais ce qui fait vraiment la force de Wardruna, c’est la richesse de l’orchestration et la variété des sons utilisés. En fermant les yeux, on se laisse complètement transporter, dans le temps et dans l’espace. On parcourt les magnifiques paysages aperçus dans la vidéo de « Birna » à la recherche de nos racines, d’un sens profond qui s’est petit à petit étiolé dans nos vies très, trop actives. Wardruna est un souffle, un souffle sur nos illusions et nos habitudes. Qu’il est bon de se laisser porter par ce vent ! « Birna » est une évidence, un sans faute de plus pour le groupe, un futur classique pour le genre, rien de moins !
