« C’est pas ma guerre, mon colonel ! », ce n’est pas une phrase que vous entendrez ici. Les ukrainiens de 1914 sont passionnés par la grande guerre. Formés l’année du centenaire de la guerre, ils l’explorent sans relâche. Quel que soit le lieu du conflit, il y a toujours une tranchée à creuser, au sein de laquelle son black death parfois doomy pourra couler comme de la lave en fusion. Cependant, ne pensez pas que le groupe se contente de s’abreuver dans les rivières de sang, de promener ses riffs sur les décombres de scènes d’horreur comme un vautour. Au contraire, il y a une véritable dimension historique et humaine (je me suis arrêté là sans aller jusqu’à « humaniste ») au sein de ces micro-études des événements de cette période noire. Ici on s’intéressera à une bataille décisive, ici au sort d’un soldat qui a eu une influence capitale sur le conflit… Une obsession pour la véracité des faits, pour la pureté historique, sans qu’on y ressente quelque chose de malsain ou de voyeuriste ; c’est rare et assez exceptionnel, vous en conviendrez. Côté musical, le groupe a freiné ses ardeurs black pour se concentrer sur un côté plus death que le rythme souvent doom / sludge vient encore nuancer. La présence de nombreux samples, de quelques instruments et effets d’emphase (le cor, la cornemuse…) et d’invités (Nick Holmes, quand même, et Sasha Boole) viennent rendre le tout encore plus varié et motivant à écouter. On a jamais l’impression de subir le disque malgré son côté forcément pesant et sa durée conséquente (plus d’une heure, quand même). Le chant est volontairement très intelligible et la voix death / thrash n’en fait jamais trop. Le groupe a même pensé à aménager une belle respiration folk en milieu de parcours avec le titre « Coward » qui surprend autant qu’il charme. Bref, ce disque puissant, massif, efficace mais plus subtil qu’il n’en a l’air, qui est pour moi une introduction à la musique de 1914, remplit parfaitement son office et me convainc sans mal de rempiler !
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