Difficile de refaire confiance quand on a été déçu. Anaal Nathrakh paraissait être une machine de guerre inarettable, un monstre capable de mettre ce monde à feu et à sang dans un déluge sonore terrifiant. Mais ça, c’était avant « Vanitas », semi-ratage du duo, qu’on pensait alors un peu perdu pour la cause. Après tout, le combo avait déjà tenu assez longtemps sur la pente ascendante, difficile d’imaginer qu’un début de déclin donnerait lieu à un tel sursaut. Car oui, « Desideratum » montre à nouveau un groupe en grande forme, capable de pondre des titres d’une violence décoiffante, mêlant metal extrême haineux, metal industriel teigneux et heavy metal classieux sur les refrains. Inutile cette fois d’y chercher une quelconque faille ; il n’y en a pas. Les titres s’enchaînent et annihilent consciencieusement toute vélléité de résistance à une puissance de feu bien retrouvée ; les seuls moments de répits sont constitués d’intros samplées, puisque même (surtout ?) les refrains en chant clair sont là pour réhausser l’aspect guerrier et létal du groupe. La parenté avec l’Aborym de « Generator » (les refrains en plus, s’entend) est je trouve encore plus affirmée ici, ce qui n’est pas pour me déplaire. Mais les anglais sont encore plus extrêmes ; la déferlante de riffs frénétiques y est incessante, car c’est bien l’impact physique, écrasant, qui prend le pas sur les ambiances maléfiques. Forcément, une telle entreprise et son côté massif et monolithique a tendance à sembler répétitive, et on a bien conscience qu’elle ne pourrait guère s’étaler sur un double album. Mais pour autant, on ne va pas se le cacher ; si « Desideratum » fait mal, c’est le plaisir de s’être pris une bonne grosse claque qui subsiste au bout des onze titres. Aie. Encore !