Il est vraiment rare que j’entre chez un artiste par le biais d’un single. Pourtant c’est bien comme ça que j’ai fait connaissance avec Zaho de Sagazan, artiste nantaise aux accents electro pop Stromaéens. Mimétisme ? Non, influences communes. La jeune femme cite Brel, Koudlam, aime la techno acide, les belles lettres et la cold wave. Bien sûr, tout ça s’entend dans « Tristesse », « Les dormantes » et « Suffisamment », les trois titres ayant fait leur chemin avant l’arrivée de ce premier album, installant un univers froid et tragique, à l’écriture à la fois classique dans sa forme et diablement moderne dans ses sonorités electro. Attention, ne cherchez pas de points communs avec « l’autre » Zaho ; ici pas de groove franc, pas de références à un passé douloureux évoqué au travers d’une chanson R&B. Pourtant, il y aussi ici quelque chose de groovy. C’est un groove froid, un tango tragique. Bien sûr, il arrive que les nuages s’écartent un peu, laissent a place à un rayon de soleil qui perce. Mais la voix grave de la jeune femme, ses textes à la fois désabusés, cyniques et pleins de sous-entendus nous ramènent vite du côté sombre. Sombre mais pas désespéré. Il y a aussi ici quelque chose d’un peu fantasque, d’un peu fou, et même drôle parfois. Si la recette est assez comparable d’un titre à l’autre, je ne me sens pas forcément à l’aise avec tous les titres, avec cette diction entre Stromae et Barbara, avec la tendance à la répétition. Mais hormis les déjà cités, un « Langage », un « Dis-moi que tu m’aimes », un « Mon inconnu », un « Ne te regarde pas » me confortent dans l’idée que cette Zaho a quelque chose d’unique. Alors oui, « La symphonie des éclairs » reste un premier album, qui cherche la perfection mais se recroqueville un peu trop souvent dans sa formule un peu trop envahissante. Mais c’est aussi l’éclosion d’un phénomène, ce qui est assez rare pour être célébré.
