ORNETTE : Ai shi te ru

Ok, ce disque est sorti depuis un moment. Mais on ne peut pas dire qu’il ait bénéficié d’une médiatisation démente jusqu’ici. Et puis de toutes façons, je fais ce que je veux, c’est qui le patron ici ? Donc, Ornette est une française, parisienne plus exactement, et « Ai shi te ru » (qui signifie « je t’aime » en japonais) est son deuxième album sous ce nom. Toutefois, la musicienne et compositrice a déjà une jolie carrière, ayant collaboré avec des musiciens d’univers très différents et les ayant accompagnés à travers la France et le monde. Ceci dit, ce n’est pas son CV qui m’a attiré ici, ni même cette pochette énigmatique qui ne dit pas grand-chose sur son contenu (au mieux), ou même ment sur celui-ci (au pire). Et qu’est-ce qu’on y trouve, alors, dans cette déclaration d’amour ? Une forme d’electro pop douce, intimiste et charmante, une (trip) pop de chambre moderne dont l’accroche est nuancée par une mélancolie sous-jacente, ou plus évidente. Et ça commence assez fort avec « Where did your love go ? », le premier titre assez immédiat, qui me rappelle un peu le « Missing » d’Everything But The Girl dans sa version la plus jouée, de part son groove froid et sa nostalgie prégnante. « Such a game » prend à peu près la même vague, avec sa basse ronflante et sa candeur d’apparat. J’avais vu de loin le troisième titre, « Là où tu seras », ce qui m’avait un peu fait peur, intolérant que je suis au chant francophone la plupart du temps. Et donc ? Et bien, l’étrangeté fantasque du titre (enfin, ses libertés textuelles surtout) fait que ça passe. « Here comes the sun » reprend les choses façon electro pop intimiste, avec toujours cette couche groovy qui sauve les titres. Bon, par contre, j’avoue que le côté étouffé, cocon du disque ne me convainc qu’à moitié. Il y a ici une volonté de traiter les claviers de façon simple, de ne pas trop les travailler, qui donne l’impression d’être seul face à Ornette, dans la pièce où elle compose et enregistre, mais ça manque un peu de hauteur pour moi. « Call your best friend » est trop simple pour moi. « Là-bas » donne carrément dans l’original niveau structure, mais manque d’équilibre. « Battant pavillon étranger » me rappelle le français Rob. Sur « Oltremare » la jeune femme dévoile sa double culture en interprétant la chanson en italien. « The mojo back » est, hum, assez conceptuel avec son format comptine, et ne me touche pas. « The bench », en revanche, est un très bon titre, assez proche du premier autant dans la structure, l’orchestration et le feeling. « Love will never die » est assez classique mais agréable. « Upside down » est typique de ces titres de l’album qui mériteraient un autre traitement pour briller. Enfin, « Be my baby » et ses multiples couleurs musicales me fait à peu près le même effet. Bilan ? Frustrant. Il y a ici de chouettes idées, de belles chansons, un vrai talent pour la composition, mais je ne partage pas le parti-pris très chamber pop de l’ensemble. A suivre quand même.

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