YOUSSEF SWATT’S : Poussières d’espoir

En 2017, le premier album du jeune espoir du rap made in Flandres, Youssef Swatt’s, m’avait grandement impressionné par la finesse de sa plume. Ce qui ne m’a nullement empêché, malgré mon œil de Sauron qui fait ce qu’il peut face à l’immensité des territoires musicaux, de louper la sortie de ce disque. Il faut dire que la sortie de celui-ci a été maintenue par le mc début avril 2020, à l’heure où on avait tous un peu d’autres préoccupations… Un fait que Youssef avait anticipé et accepté, mais il tenait tout de même à maintenir ce rendez-vous avec son public. C’est tout à son honneur. Bon, me voici donc prêt à réparer mon erreur. « Poussières d’espoir » s’avère paradoxalement plus dur et (forcément) plus assuré que son aîné. Le tournaisien a bénéficié de l’appui du beatmaker et mc El Gaouli, avec qui il va d’ailleurs continuer à bosser pour le prochain album, déjà dans les starting blocks, et qui sera délivré cette année. Sans surprise, les 14 titres de ce nouvel album bénéficient donc d’une musicalité impeccable, assez ancrée dans son époque mais tout de même ouverte sur quelques autres styles (qui percent ça et là, en appui à la mélodie principale). Les textes eux, sont plus amers et plus autocentrés. Le confinement n’a pas eu d’effet du tout sur cet album, puisqu’il a été pensé et conçu avant. Pourtant le succès du premier album et la pression de celui-ci ont poussé Youssef à s’enfuir pour mieux se retrouver ailleurs, loin de son horizon quotidien, seul avec son sac à dos. Nul doute qu’il reviendra avec un point de vue plus ouvert et avec plus de recul qu’il n’en a ici. On sent en effet que « Poussières d’espoir » est un disque accouché dans une certaine solitude, celle d’un homme acculé, coincé entre des rêves trop grands et une réalité trop petite, qui se rend compte petit à petit que le son qui l’aidait auparavant à s’échapper l’enferme aujourd’hui dans sa propre tête, le met face à ses propres limites. De notre côté, spectateurs, on apprécie quand même le tour du propriétaire, mais on ressent ce besoin de se dépasser, ces butées dures à surmonter, et on souffre un peu de notre impuissance à l’aider. On a en tout cas hâte d’entendre la suite.

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