
Je me sens assez proche d’un gars comme Ywill. Parce que lui et moi, on doit être à peu près de la même génération, on a découvert le hip-hop avec les mêmes références, et on semble avec les mêmes attentes pour le genre : du bon son et du bon sens. Pas mal de raisons qui font que je pense que je trouverais ce que je cherche sur ce deuxième album solo du rappeur de La Jonction. Bon, ok, en plus j’ai triché, j’ai regardé qui on y croisait ; les excellents VII, Paranoïan, DJ Venum, la famille (La Jonction) et le petit prodige Youssef Swatt’s. Et comme on pouvait s’y attendre, cet album enchaîne les productions impeccables et les textes ciselés. Bon, en même temps, ça fait une vingtaine d’années que Ywill performe, alors s’il ne s’améliorait pas, ce serait assez triste. Ce qui n’empêche pas certains de s’enfoncer dans la médiocrité… Mais je ne vais pas citer de noms, je vais plutôt vous inciter à profiter de petites tueries comme « Jeter des ponts » (avec Youssef Swatt’s), « Esprits fracturés », « Dédales » (avec Paranoïan), « Skyline », « La salle du temps », « On en reparlera »… Bon, en fait, la grande majorité des chansons de ce disque pourraient être citées pour une rime, un sujet, une raison ou une autre. Tenez, prenez ne serait-ce que « Quatre lettres » au sein de laquelle Ywill chante son amour pour Fabe, héros du hip-hop conscient qui a choisi (on en pense ce qu’on veut) de se retirer de la scène pour étudier l’islam et éviter que sa méconnaissance / connaissance naissante du sujet desserve sa religion. Fabe est, forcément, un modèle d’humilité et de plume intelligente pour qui a fréquenté ses albums, ou ne serait-ce que ses titres phares. Bref, Ywill est de ces libres-parleurs dont la carrière avance tranquillement mais s’emplit de plus en plus de réussites.