Derrière ce duo au nom pour le moins énigmatique se dissimulent Vindsval et son fidèle compagnon W.D. Feld. Ceux-ci, non contents de faire évoluer le black metal vers une musique non moins sombre mais plus avant-gardiste, se sont encore mis à la colle ici pour produire une musique sombre, lancinante et atmosphérique… mais pas black. Le matériau de base ici, c’est le rock ou metal industriel. « The sublime » (le titre) débute par une quarantaine de secondes de bruitages, avant d’entamer les hostilités. Enfin, il faut dire que ce premier titre n’est pas le plus incisif. Une voix claire, un canevas de guitares, des percussions discrètes, un feeling ethnique… Beau et menaçant. « Autoimmunity » fait un pas de plus vers l’indus, avec un rythme plus dur et un riff plus mécanique. « Eternal » suit la même logique. « Sound over matter » est un interlude plus atmosphérique, un océan de quiétude entre deux attaques soniques. « Joyless » se fait plus lourd, conjuguant lead lancinante et riff martelé, sur fond de chant / plainte sans fin. « Triiiunity » exploite peu ou prou le même filon ; un riff grave et répétitif nous bouche l’horizon, une voix dont on ne sait si elle chante ou psalmodie traverse un ciel rouge, une guitare lézarde les murs. « Babel » s’amène avec un rythme plus trip hop et un riff plus orientalisant. J’ignore si « Reverso » traite d’un traducteur en ligne (mais j’en doute), mais son côté un peu plus binaire ne me convainc pas : si je dois choisir un maillon faible dans ce disque, c’est bien ce titre. Enfin, « Testures of silence » fait écho à « Sound over matter » mais s’avère bien plus réussi : glacial, sans espoir et somme toute assez minimaliste, il aurait même pu être décliné dans une version plus métallisée et grandiose. Au final, si « The sublime » ne mérite pas totalement son nom, il reste une proposition honnête et hors des sentiers battus, bien que (pour moi) pas totalement aboutie. Côté dépaysement… Eh bien, il n’est pas garanti pour les fans de Blut Aus Nord qui reconnaîtront la patte des musiciens et leur musicalité particulière. Mais ça ne les empêchera pas de s’y perdre, et ils auront bien raison.