Huit ans d’absence, et autant de « years of no light » pour ceux qui attendaient les bordelais au tournant après le très réussi et bien plombant « Tocsin » en 2013. Bon, bien sûr, le groupe n’est pas revenu faire danser les foules, on pourrait même penser qu’étant donner l’ambiance bien morose actuelle, il est venu finir le travail, nous donner une ultime pichenette qui nous dirige vers le précipice. Car encore une fois, avec ce « Consolamentum » entièrement instrumental, le doom sludge teinté de post rock du groupe est un chemin vers une fin certaine. Un chemin chaotique parfois, plus furieux qu’on ne l’avait prévu au départ, semé d’embûches. Mais si le but ici (en tout cas si on prend en compte le sens du titre, qui est le nom d’un rituel cathare) est de se faire absoudre de ses pêchés aux portes de la mort, on ne voit pas, ou du moins j’en suis incapable, de lumière au bout du tunnel. Ce nouvel album est, à l’image de ses prédécesseurs, terriblement sombre et désespéré. Et oui, bien sûr, c’est ça qu’on aime. Ça et ces structures progressives, au pouvoir évocateur digne d’un court métrage. On est irrémédiablement écrasé par la puissance, la lourdeur et la profondeur du style de Year Of No Light, qui n’a rien perdu de son don à composer des titres vertigineux et y insérer autant de violence cathartique (souvent en fin de morceau) que de moments de tension ou de beauté sombre. Les fans ne seront pas perdus, les autres non plus d’ailleurs ; le groupe ne cherche pas à réinventer sa musique, juste à en proposer la forme la plus aboutie possible. Ce qui est évidemment le cas ici. « Consolamentum » est de ces disques qu’on prendra plaisir à réécouter, à explorer de fond en comble pour en saisir toutes les subtilités. Et une perle de plus au crédit de la formation.
Related Posts
- 10000De "Nord", premier album des bordelais, si je garde un excellent souvenir, celui-ci reste assez embrumé, tant Year Of No Light fait à l'époque partie d'une nébuleuse de groupes obéissant aux mêmes codes et avec des objectifs musicaux similaires. Alors si forcément ce "Tocsin" au titre alléchant pour les fans…
- 10000D'emblée, le nom du groupe me séduit. Et pourtant, je suis à cent lieues d'imaginer ce que me réserve « Nord », premier album des Bordelais. Le premier titre nous plonge dans un univers sombre, en pleine tourmente post rock. Le second tape dans le post hardcore, et les suivants louvoient entre…
- 10000Pas eu l’occasion de découvrir le premier album des écossais sorti en 2017. De ce que j’ai pu lire, c’est assez dommage. Pas besoin d’aller y voir, d’ailleurs ; dès qu’on lance ce deuxième opus, et alors qu’on pensait (vu l’artwork) se retrouver avec un énième album de sludge metal, on…
- 10000Vous avez déjà assisté à une éruption solaire ? Eh bien, moi non plus. Mais « Astral », premier titre de ce nouvel album des toulousains, est la représentation musicale parfaite de (ce qu’on imagine de) l’éruption solaire ; bouillonnante, étouffante, violente et magnifique. A vrai dire, l’ensemble de « Abandon of the self » est…
- 10000Usnea a beau se qualifier tout de même assez à propos de doom, il constitue pourtant un chaînon manquant entre post black, post hardcore, sludge et doom. Nous voici donc face au troisième album de ce groupe de Portland, et celui-ci a décidé de ne pas décider. On a donc…