
Huit ans d’absence, et autant de « years of no light » pour ceux qui attendaient les bordelais au tournant après le très réussi et bien plombant « Tocsin » en 2013. Bon, bien sûr, le groupe n’est pas revenu faire danser les foules, on pourrait même penser qu’étant donner l’ambiance bien morose actuelle, il est venu finir le travail, nous donner une ultime pichenette qui nous dirige vers le précipice. Car encore une fois, avec ce « Consolamentum » entièrement instrumental, le doom sludge teinté de post rock du groupe est un chemin vers une fin certaine. Un chemin chaotique parfois, plus furieux qu’on ne l’avait prévu au départ, semé d’embûches. Mais si le but ici (en tout cas si on prend en compte le sens du titre, qui est le nom d’un rituel cathare) est de se faire absoudre de ses pêchés aux portes de la mort, on ne voit pas, ou du moins j’en suis incapable, de lumière au bout du tunnel. Ce nouvel album est, à l’image de ses prédécesseurs, terriblement sombre et désespéré. Et oui, bien sûr, c’est ça qu’on aime. Ça et ces structures progressives, au pouvoir évocateur digne d’un court métrage. On est irrémédiablement écrasé par la puissance, la lourdeur et la profondeur du style de Year Of No Light, qui n’a rien perdu de son don à composer des titres vertigineux et y insérer autant de violence cathartique (souvent en fin de morceau) que de moments de tension ou de beauté sombre. Les fans ne seront pas perdus, les autres non plus d’ailleurs ; le groupe ne cherche pas à réinventer sa musique, juste à en proposer la forme la plus aboutie possible. Ce qui est évidemment le cas ici. « Consolamentum » est de ces disques qu’on prendra plaisir à réécouter, à explorer de fond en comble pour en saisir toutes les subtilités. Et une perle de plus au crédit de la formation.