Lars Nedland est un touche-à-tout du metal. Déjà derrière les manettes de Solefald et Borknagar, White Void délaisse les genres plus extrêmes pour s’attarder plus particulièrement sur le hard rock et le heavy doom. Rien de bien original me direz-vous, les genres ont le vent en poupe depuis un moment, et je commence même à m’en fatiguer, étant inondé de productions de ce type. Oui mais voilà, quand c’est fait par des cadors, ça peut avoir une autre tronche. Et on a pas beaucoup à patienter pour se rendre compte que c’est le cas ici : « Do. Not. Sleep », avec sa double casquette titre introductif / single, nous amène le contrat ; c’est mélodique (le riff est excellent), c’est progressif (si les traces sont à demi effacées, on reconnaît quand même la patte de quelqu’un qui maîtrise les styles plus alambiqués et complexes), et quand même assez direct. C’est un très bon titre, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il le serait encore plus s’il était recentré sur sa mélodie principale, moins « bavard ». Attention, il ne s’étend pas non plus sur la moitié du skeud, il ne compte que 4mn52. Mais avec 45 secondes de moins, il aurait été parfait à mon sens. « There is not frreedom but the end » est à la fois plus évident mélodiquement mais plus long, et ça passe. Difficile aussi de ne pas penser à un Borknagar expurgé de quelques tics. Alors ce n’est « que » ça, White Void ? Non, bien sûr. Si le groupe, à travers le titre de ce premier opus, se propose de chercher (et trouver) le pendant à toute chose, ce n’est pas pour rien ; effectivement, ici on propose une mixture proche de ce que d’autres pratiquent déjà, mais on va plus loin, plus profond. Que voulez-vous ; certaines personnes ne savent pas faire simple. Mais du coup, à qui conseiller cet album ? Aux fans de hard rock doomy ? Ils risquent de le trouver trop compliqué. Aux fans des autres formations de l’auteur ? Oui, même s’ils pourraient prendre ombrage de son côté trop accessible. A ceux qui aimeraient profiter de jolies mélodies et de riffs directs tout en trouvant un peu plus de sens et de virtuosité qu’ailleurs ? Voilàààà. « Anti » est le disque d’amateurs de chansons classic rock seventies qui ont grandi en ouvrant leurs shakras à d’autres styles ; ici les éléments électroniques, blues, psyché et prog ont largement droit de cité. Le mélange de tout ça est digeste car c’est la mélodie qui prime sur tout le reste. Mais au final, si « Anti » est plein de bonnes chansons, j’ai encore du mal à me positionner à son sujet. Objectivement, c’est un beau projet, et rien ici n’est raté. Mais j’aurais peut-être préféré plus de nuances, avec des titres rock plus rock (il y a ici un sacré potentiel) et d’autres plus prog.
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