Tusmorke est l’un de ces groupes norvégiens bien barrés qui ont décidé de faire une croix sur l’évolution de la musique après les années 70. Déjà auteur de six albums bien perchés à la lisière du rock progressif et du neo folk, il continue ici sur sa lancée, bien décidé à convaincre les derniers réticents. Eh ben on peut dire que c’est pas gagné. Car si cet album porte le nom de « télévision en couleur », c’est plutôt dans les débuts de celle-ci que dans la célébration du cinquantenaire l’an dernier qu’on se situe ici au niveau du son aussi bien que du style. Une musique pour le moins abrupte et changeante que ceux qui ne sont pas coutumiers du prog de la grande époque auront du mal à appréhender sereinement. Bon, si vous pouvez imaginer le croisement entre rock progressif Crimsonien, space rock, rock psyché et post black metal très théâtral (l’ensemble est assez noir), vous y êtes presque. l’utilisation de la flûte et de la langue maternelle donnent un côté très médiéval à l’ensemble qui recouvre pourtant bien d’autres couleurs et genres ; jazzy, groovy, rock, expérimental et world music se télescopent ici en permanence, ne laissant pas grand-chose à l’auditeur auquel se raccrocher, mis à part la certitude de se retrouver dans un autre monde. Est-ce le meilleur Tusmorke ? Certainement pas. Mais il est fidèle aux valeurs du groupe, et a la bonne idée de se terminer par son titre le plus réussi, « Toyens hemmelighet ». Il n’y a donc aucune raison de laisser ce disque dans l’ombre, mais il est à réserver à l’oreille avertie, qui du coup en vaut deux !